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aller au concert

  • Quinquets.


    Aller au concert… ah ! c’est toujours un grand plaisir ! Il y a du monde dans la chapelle des Maristes où se déroule comme tous les quinze jours le dimanche l’Instant classique organisé par l’association Operaria.
    Au milieu des spectateurs, comme niché dans son nid un tout petit oisillon, écouter le sublime Concert pour piano, violon et quatuor à cordes en Ré majeur opus 21 de Ernest Chausson interprété par le tout aussi sublime ensemble « Concert à six ». Les corps des musiciens se meuvent au rythme des notes quand ils jouent. Quand ils ne jouent pas parce que c’est le tour de l’un ou l’autre des musiciens au moment d’un solo, leurs têtes dodelinent, leurs bouches sourient. La musique est un souffle, là, tout près.
    Au retour vers la maison, à pied, bien que ce soit la fin du jour, c’est comme si la nuit ne pouvait pas vraiment tomber dans la grande profondeur car des quinquets inépuisables balisent le chemin : les étoiles, les fenêtres éclairées des maisons, les quelques réverbères, les lumignons des mâts des bateaux, la lumière vive au sommet du Coudon et les bras amis auxquels le pas se rythme.

  • C’est dimanche : aller au concert.


    S’asseoir et attendre fébrilement le début du concert.
    Les musiciens accordent leurs instruments et on repère quelques notes de ce qu’on va entendre. Surprise : c’est la sonate de Franck. La sonate !
    Quand les deux jeunes musiciennes s’installent et commencent à jouer, on a le souffle coupé, comme à chaque fois qu’on l’entend – comme peut-être Swann, ce premier soir-là.
    Et même si la respiration reprend peu à peu, elle reste haletante, car on a soif d’avancer dans ces notes si familières.
    Les souvenirs reviennent – ceux du temps jadis quand on écoutait cette sonate sur un disque vynile, ou quand on allait au concert le dimanche après-midi, déjà, à Paris, en automne, ou tard, en hiver, comme quand on avait croisé Régine Crespin vêtue d’une grande cape noire qui nous avait dit : « Mais, Mademoiselle, la musique, c’est fait pour rêver » ; quand parmi ceux qui ont disparu, emportant avec eux le plein de la vie, certains étaient encore là et riaient mais on ne savait pas l’urgence ; quand on lisait abasourdie Du côté de chez Swann pour la première fois - ceux du temps qui a suivi, quand c’était déjà le temps de la relecture et de la rencontre avec Debussy, et le temps des abonnements pour de multiples concerts ; quand on déménageait une fois, deux fois, trois fois, plus de caisses de livres que de meubles ou de chaises ; quand des petits piaillaient et qu’on les amenait visiter des musées - ceux des périodes suivantes, et puis encore après, quand on avait peur que le temps soit perdu car on perdait des gens.
    Revient en mémoire, les dernières notes jouées, cette phrase de Seiji Ozawa : « Face à la souffrance, la musique est impuissante et nécessaire ».
    Applaudir à tout rompre ces musiciennes et leur crier « Merci ! » pour avoir créé ce qui sera demain un souvenir bien rond, bien plein.