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  • Poètes.

    La rue est pluvieuse avec de chaque côté des rigoles joyeuses. La maison est là, dont les volets annoncent les teintes de la chambre. On s’y pose pour un temps et on demande à avoir près de soi sur le boutis les livres de Philippe Jaccottet. Ils sont là, dit-on, d’un geste de la main. Là.
    On construit contre soi une digue avec Autres journées, Les notes du ravin, Et, néanmoins, Après beaucoup d’années, Paysages avec figures absentes, A la lumière d’hiver, Poésie, Taches de soleil, ou d’ombre, La semaison.
    C’est le milieu de l’après-midi, un hiver, un jour de pluie. Le jour baisse sous la mansarde. On allume les lampes reçues à Noël et on ouvre Autres journées, là où un bout de papier jaune dépasse :

    « A trois heures de l’après-midi, on n’y voit presque plus. La pluie drue tombe des nuages gris au-dessus desquels ne filtre plus qu’une lumière jaunâtre. Sous un toit trop bas, on respire mal. Il faut presque sans cesse recoudre un tissu (la vie, la nôtre) qui s’use, s’effiloche. Ne pas perdre patience néanmoins – nous ne pouvons guère faire plus que ravauder. Les vêtements de gala ne sont pas pour nous, à moins de nous déguiser. »

    Après, on relit ce passage de Taches de soleil ou d’ombre, lui aussi marqué d’un post-it jaune, une citation de Socrate à Criton :
    « Sache bien en effet, excellent Criton, qu’un langage impropre n’est pas seulement défectueux en soi, mais qu’il fait encore du mal aux âmes. »

    Ah, bienheureux poètes qui font du bien aux âmes !