Faire les vitres.
Ranger les placards d’épicerie.
Commencer la distribution des pots de confiture.
Partir sans se retourner d’un lieu rendu malsain par le venin des mots.
Au Brusc, faire un tour au magasin de laine et y trouver l’aiguille circulaire 4,5 dont on avait besoin.
Admirer les tamaris blancs en fleurs du côté de la corniche de Tamaris et les nuages gris clairs derrière lesquels le soleil brille, ce qui fait qu’ils sont bordés d’un fin liseré blanc et brillant.
Marcher une heure par jour.
Etre prête pour que le mois de mars soit aussi lumineux que celui de février.
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Les appuis.
En hommage à Philippe Jaccottet.
Ressentir des émotions
Voilà un appui important
Car c’est être vivant
Etre sorti du néant
Alors quand Philippe Jaccottet meurt
On ressent du chagrin
Vivement
Désemparément
On ressent un vide
Ce vide qu’on connait si bien
Quand il n’y plus rien à toucher plus rien à étreindre pas même le bout de doigts glacés
Là où la pulpe de la chair reste pleine même juste après
Mais c’est alors qu’on est au petit matin
Et qu’on entend le chasse-doute
Qu’il nous a signalé un jour bien important
Puisqu’à partir de lui on a su chasser le doute
Un oiseau chante
Il offre son souffle au monde
Eternel
le souffle de l’oiseau
Eternel
celui du poète
Sur l’étagère ses livres
Tous
Et aussi l’Odyssée
Et aussi les autres poètes partagés
On les prend dans les bras
On les porte contre soi
On les dépose tout près tout doucement
Oh ! mais vraiment tout près vraiment tout doucement !
On y sait tous les mots de toutes les pages
Du bout du doigt, là où la pulpe est pleine
On suit les lettres des titres
On suit les coins des livres
On les caresse en fait
Ils sont là
Les poèmes
A jamais éternellement consolateurs
On s’apaise
On lui dit merci au poète désormais dans les nuées
On lui promet qu’on ira toujours s’émerveiller dans les bois des tâches de lumière et d’ombre.