Avant que la longue journée démarre, aller nager.
La plage est déserte. L’eau dort encore.
On la réveille en y entrant doucement ; le léger clapotis que les brasses amoncellent dans le sillon de la nage deviendra petites vagues quand le vent se lèvera – mais il sera bien plus tard.
Nager jusqu’à la ligne de la baignade autorisée. Puis aller jusqu’à la bouée.
Peut-être parce que le fond s’éloigne, on se sent plus légère. De vert pâle, l’eau devient d’un bel émeraude moelleux dans lequel on virevolte avec jubilation.
Puis on revient, toujours doucement, vers le rivage, et on nage jusqu’à ce que les pieds retrouvent le sable où quelques cailloux blancs semblent les perles répandues au sol d’un long collier cassé.
Sur la peau, la si fine pellicule de sel est un signal de vie.
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Poivrons.
Aller de très bon matin au marché.
Sur l’étal du marchand qui vient du Lançon, dire bonjour et choisir de beaux poivrons rouges, un peu tordus peut-être, mais très brillants et bien joufflus.
En prendre autant qu’il en tient dans la vieille coupelle du marchand qui finira par dire, une fois les poids posés sur la balance : « allez, bon poids ».
A la maison, les installer sur une plaque du four et les faire cuire lentement.
Quand l’odeur des poivrons qui cuisent s’est bien installée dans la cuisine et que la chaleur les a aplatis et que parfois aussi leur peau est un peu brûlée, les laisser refroidir.
Les peler ensuite délicatement et poser la chair dans le saladier en arcopal qu’on a toujours utilisé pour cela, l’été.
Recouvrir d’huile d’olive de Ligurie.
Parsemer d’ail – ne pas lésiner sur l’ail.
Saler. Poivrer.
Recouvrir de l’assiette dédiée aux poivrons à l’huile qu’on fait l’été.
Laisser poser.
On en mangera dans deux ou trois jours, quand tous les parfums se seront épanouis.