Alors que le matin même on avait entamé l’avant-dernier pot de confiture maison, voilà qu’arrive, par porteur particulier, un très gros sac d’oranges amères. Elles sont assez petites, cette année, car l'eau a manqué. Mais elles sont tout ce qu'il y a de bio : elles ont poussé tranquillement dans le bigaradier et quand on les a trouvées suffisamment orange, des mains d'homme les ont cueillies avant de les distribuer.
On va donc pouvoir faire de la marmelade !

Depuis bien longtemps on a compris que ce qui compte, dans la suite des jours noirs, gris, bleus, ou blancs, c’est qu’il y ait du sens. Puisqu’on y donne sens, on a des cadeaux quotidiens dont on parle ici en espérant que la chaleur reçue soit perçue par d’autres qui la rechercheraient pour qu’ils puissent s’en couvrir un instant, même légèrement, mais un peu malgré tout.
Ainsi de Nessum dorma, ce fameux air de Turandot qui est venu l’autre après-midi se faire entendre.
Quelqu’un qu’on a perdu avait demandé, peu de temps avant de sombrer dans l’inconscience, à écouter de nouveau ce morceau célébrissime, chanté, bien sûr, par Pavarotti. On avait fait cela et, ensemble, on avait vibré, on avait été ému.
On ne l’avait plus écouté depuis. Et l’avait-on vraiment entendu, cet air ? Car cette fois-ci, les paroles furent précises :

Et mon baiser brisera le silence
Dissipe-toi, ô nuit, dispersez-vous étoiles
A l’aube je vaincrai
Et nous devrons hélas mourir, mourir