L’usage des salles d’attente a ceci de positif, c’est qu’on peut largement avancer dans ses lectures. Ainsi, hier, on a pu lire plus d’une heure et demie et terminer Dans mes pas, de Jean-Louis Etienne. Il cite un poète qu’on aime beaucoup, Walt Whitman et son célèbre recueil de poésie, Feuilles d’herbes. « Désormais je ne fais plus appel à la chance, c’est moi la chance. »
Au retour à la maison, on va vers le rayon poésie et on recherche le recueil de Walt Whitman qu'on aimerait bien relire. Il faut dire que les livres de poésie ne sont pas rangés par ordre alphabétique… pas très pratique pour chercher un auteur. On les range, mais de Feuilles d’herbes, point. On sait pourtant qu’on l’a, ce livre ! On en arrive à la conclusion qu’il est ailleurs. Mais où ? On va dans le rayon Roman, à la lettre W. Rien. On va dans le rayon Biographies et Correspondances. Rien non plus. Et dans le rayon Religions et Spiritualité ? On ne sait jamais… Non. Avec les livres de Thoreau ? Non.
« A partir d’aujourd’hui, je n’attends plus la bonne fortune : la bonne fortune, c’est moi !
J’ai fini de me plaindre, j’ai fini de tergiverser, j’ai fini d’avoir besoin de ceci ou cela,
Terminé le petit monde des récriminations (…).
Sans faiblesse ni grief, j’avance à découvert sur la piste. »
Il faut bien l’admettre : le livre est quelque part.
On lance ainsi un appel solennel : que celui ou celle qui a emprunté Feuilles d’herbes, de Walt Whitman se fasse connaitre !
Mais au moins, tout le rayon Poésie est bien rangé.
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Passer la soirée avec Primo et Mario.
Passer la soirée à lire un petit livre trouvé il y a quelque temps déjà à la librairie Baba Yaga de Sanary : Pour Primo Levi, par Mario Rigoni Stern.
Comment passer à côté de ce livre qui présente sur sa couverture le nom de deux écrivains qu’on aime tant ?
Un soir, avant le dîner, la marmelade d’oranges est en train de cuire ; un doux parfum a embaumé la maison. On monte dans le bureau chercher le livre et, debout près de la marmite, on lit ou on touille, c’est selon. On retrouve le style limpide de Mario Rigoni Stern, les interrogations tourmentées de Primo Levi ; et la montagne aussi, en été, en hiver.
Le livre terminé, on le pose pour remplir les pots de confiture qu’on laisse refroidir, à l’envers, sur la paillasse, et pour préparer le dîner qui se passe tranquillement.
Après dîner, on relit ce livre court. On aime lire les livres deux fois. On y a remarqué des poèmes de Primo Levi, et on ignorait qu’il en avait écrit. On relève ces vers :
J’ai deux frères qui ont beaucoup vécu
Nés à l’ombre des montagnes
Ils ont appris l’indignation
Dans la neige d’un pays lointain
Et ils ont écrit des livres qui ne sont pas inutiles
Comme moi ils ont affronté la vue
De la Méduse qui ne les a pas pétrifiés.
Ils ne se sont pas laissé pétrifier
Par la lente neige des jours.
On va recopier ce poème, pour le garder avec soi.