Marcher du Lançon vers le Gros Cerveau, un jour d’été que le mistral rend limpide.
La petite route goudronné laisse la place à un petit chemin où les pierres roulent sous les pas.
Escalader quelques restanques ; reprendre son souffle à l’ombre d’oliviers trapus ; longer de belles vignes ; laisser son regard voguer des pins jusqu’à la mer où quelques voiliers blancs font signe.
Au retour, au croisement là-bas en bas, acheter quelques fruits et repartir, le sac en papier dans la main.
Goûter l’abricot joufflu dont on remet le noyau dans la pochette.
Croquer la pêche plate dont le jus explose tant qu’il faut se lécher et les doigts et le revers de la main et même l’avant-bras, tout en riant de plaisir.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 379
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Jus de pêche plate.
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Elgar, le violoncelle et Jacqueline du Pré.
Au moment même où un douloureux souvenir dont on commémore la date attire comme un aimant vers le plomb du désespoir, bloque le souffle et prépare le trébuchement qui entraînera une de ces lourdes chutes dont on se demande encore et toujours si on pourra s’en relever, allumer la radio et entendre Jacqueline du Pré jouer le concerto pour violoncelle d’Elgar.
Faire alors une parenthèse de 2 mn pour écouter.
Ecouter Elgar. Ecouter le violoncelle. Ecouter Jacqueline du Pré.
Commencer déjà à reprendre son souffle et, quand l’extrait se termine, continuer dans sa tête à entendre cet air.
Entendre Elgar, entendre le violoncelle, entendre Jacqueline du Pré.
Réguler son souffle, reprendre son pas.
Remercier Elgar. Remercier le violoncelle. Remercier Jacqueline du Pré.