Regarder l’écume de la mer. Quand une vague se forme, elle l’en coiffe. Quand la vague se brise dans l’effervescence des flots dansants sous le vent ou sur la grève de la plage, c’est de cette brisure qu’elle éclot. Elle est ainsi à chaque fois nouvelle. Une multitude d’écumes distinctes toujours au sommet des flots bleus ou gris ou verts. Autant d’écume, d’écumes, autant de vagues. Une création qui jamais ne cesse, qui n’a jamais cessé, qui ne cessera jamais. Quand le vent ne souffle pas, c’est simplement un temps de pause. L’écume réfléchit alors, peut-être ? Elle rêve des lieux où elle sera l’écume ? Ou bien la vague ? Ou bien est-ce une attente tranquille, une mini-jachère de mer, le temps que le vent revienne souffler. Car s’il ne souffle pas là, on peut être certain qu’il doit souffler ailleurs puisqu’il n’y a pas de monde sans vent et les vagues là-bas se former puis se briser et l’écume naître, les écumes naître. C’est partout qu’elles existent, les franges d’écume au sommet des flots, c’est partout qu’elles sont à chaque fois nouvelles, chacune différente mais si semblable à l’autre, dans chaque mer, dans chaque océan, dans chaque grand lac. Aujourd’hui. Hier. Demain.
CONTEMPLER / Liste de contemplation - Page 21
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Les écumes de la mer.
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Parasols et maritimes.
Du dessus de la falaise abrupte, à travers les troncs tordus dont les entrelacs dessinent un moucharabieh à ciel ouvert, on reste longtemps à regarder, en bas, la mer d’un bleu marine tout brasillant, ses écumes d’un blanc mousseux quand elles se frottent aux roches noires que des éclats de mica éclairent par ci par là, les graviers blonds de ses plages au sage ressac.
Les écorces noires des pins sont profondément ridées. On peut ainsi bien s’y tenir pour contempler, sur la pointe des pieds. Certains pins sont assez droits et regardent le ciel. Signac en a peint de semblables. D’autres, pourtant dans le même voisinage, ont pris la courbure des vents marins pour se faufiler par-dessous par-dessus et regarder la mer. Ils lancent leurs houppiers pointus dans le vide vertigineux.
Maritimes ou parasols, ils embaument déjà. Les cigales, encore tout enfouies dans la terre, sentent-elles aussi ce parfum qui leur signale qu’il fera bientôt assez chaud pour qu’elles puissent naître et que les pins les attendent fidèlement ?