Le constat est fait depuis longtemps, au jour d’aujourd’hui (c’était une formule très usitée par une grand-mère, la maternelle, pas la paternelle, et qu’on aime vraiment beaucoup employer) on n’écrit plus que rarement des lettres qui, une fois sous enveloppes et postées deviennent des courriers. Et pourtant, ces lettres avaient parmi leurs nombreux atouts, celui de la formule de politesse. C’est la réflexion qu’on s’est faite après un échange de mails pour des questions administratives avec une personne fort polie, fort efficace et fort professionnelle, qu’on n’a jamais vue mais dont on a deviné qu’elle était assez jeune...
Au début, ses mails commençaient par « Chère Madame », ce qui est déjà fort familier. « Chère Madame »… Puis, comme les mails se succédaient, on passa au « Bonjour » puis à … rien du tout, dans le style le plus épuré possible du sms mais heureusement sans atteindre ce mélange curieux de phonétique, de chiffres et autres signes. Bref. A la fin du mail, foin de formule de politesse. Dès le premier mail, ce fut « Cordialement ». Fort familier aussi, avait-on appris jadis. Puis, il y eut « Cdt ». Puis, toujours le « Cdt » accompagné d’un smiley. On n’a pas atteint le « A tout’ » car la série de mail eut une fin. Mais jusqu’où donc aurait-on pu aller ? Elle aurait aussi pu signer de son prénom voire commencer le mail par le nôtre...
Si on y réfléchit bien, les mails remplaçant les courriers distribués par les postiers qui deviennent par ailleurs banquiers, vendeurs de téléphones ou livreurs de pain, ne faudrait-il pas mettre un minimum de formule de politesse dans un mail ? On n’irait pas jusqu’à « Veuillez agréer, Madame, l’assurance de ma considération distinguée », bien sûr. Quoique…
Qu’en pensez-vous ? Faudrait-il une formule de politesse dans un mail autre que ce « Cordialement » ou ce « Cdt » - d’ailleurs, ce mot n’a-t-il pas été choisi pour son abréviation si rapide à taper ? …. Une autre question, peut-être….
SE POSER DES QUESTIONS / La question du lundi - Page 55
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La question du lundi. De la formule de politesse dans un mail.
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La question du lundi. Des cartes.
Paolo Rumiz raconte dans son livre Appia sa marche le long de cette ancienne voie romaine qui relie Rome au sud de l’Italie. A plusieurs reprises, il évoque l’utilisation des cartes en papier qu’il préfère, de très loin, au GPS. Il en revendique même l’utilisation, d’une façon militante :
« En l’absence de prothèses électroniques, nous sommes devenus si incapables de bouger que c’est la survie même d’un instinct vital mûri depuis des millénaires qui est en danger…. Aujourd’hui, se déplacer en utilisant des cartes en papier équivaut à faire acte de désobéissance civile…. Je revendique le droit d’écrire ma route en toute liberté, comme un surfeur écrit son chemin entre les vagues. » (1)
Utilisez-vous encore des cartes en papier pour vous déplacer ? Vous sentez-vous encore capables d’aller d’un endroit à un autre avec seulement quelques indications comme « prendre à droite là où il y a un bosquet d’arbres, juste après le début d’un chemin, mais attention il y a plusieurs chemins, il faut légèrement descendre sur cent mètres – on a l’impression de revenir un peu sur ses pas parce que ça tourne - puis continuer pendant plusieurs kilomètres jusqu’au croisement peu après quelques maisons blanches où il faut prendre à gauche et s’engager alors après une trentaine de mètres sur un petit chemin bordé de ronces…. Etc. »
Paolo Rumiz, Appia, Ed. Arthaud, 2019, pp. 231/232,