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LIRE / Livres du matin, du sac à main, du soir - Page 60

  • Passer la soirée avec Jean-Paul, Napoléon et ses soldats.

    Continuer à passer la soirée avec Outre-terre, de Jean-Paul Kauffmann.
    On avance bien dans la lecture : on en est à la page 225, déjà. On lit lentement parce que même pour la lecture, on aimerait ne plus se presser.
    « Les Anciens pensait qu’il suffisait qu’on évoquât leurs noms pour que les morts reprennent vie » (p. 222). Jean-Paul Kauffmann parle longuement des soldats de Napoléon, qu’il nomme les « sans traces ». Quelqu’un, semble-t-il, a fait un dictionnaire de ses soldats, en a fait la liste. Pourtant, aujourd’hui qui lit leurs noms ? Ils ont eu un corps, une âme, une famille. Interrogé intensément par les thèmes de la disparition, de l’absence, du retour à la vie, de l’avant, de l’après, du maintenant, l’auteur cite Emmanuel Levinas : « (il) parle de la luisance de la trace ». C’est une belle expression, qui incite à un arrêt supplémentaire dans la lecture de ce livre, pour réfléchir encore. Les chats, endormis sur les journaux, sont d’accord, on le sait bien, pour ce moment d’arrêt et de silence.


  • Passer la soirée avec Jean-Paul, Napoléon, et un vieux colonel.

    Passer la soirée avec Outre-Terre, de Jean-Paul Kauffmann.
    C’est la première soirée. Après avoir entendu Jean-Paul Kauffmann il y a quelques jours sur France Musiques, on a décidé de lire son livre. On n’a jamais rien lu de lui, mais on le connait, bien sûr.
    C’est la première soirée, donc – mais on sait qu’il y en aura d’autres car ce livre, on l’a compris dès les premières lignes, fait partie de ceux qu’on va déguster, lentement, très lentement : parce qu’on va aller fureter dans les anciens livres d’histoire pour se remémorer l’épisode napoléonien, parce qu’on va regarder les cartes de l’Atlas historique, parce qu’on va aller fureter dans le rayon Balzac pour relire des passages du Colonel Chabert, et parce qu’on va passer de longs moments sans le lire, ce livre, qui sera simplement posé, grand ouvert les genoux. On restera là, dans la chambre calme du milieu de la nuit, entourée des chats qui dorment bien lovés dans des creux de couvertures ou de jambes croisées, et on réfléchira. C’est ainsi qu’on a fait lorsqu’on a atteint la page 45 et lu une citation du Colonel Chabert, à la fin de son histoire douloureuse : « Je vous méprise, je retourne là d’où je viens, c’est-à-dire chez les morts et, désormais, je suis hors d’atteinte ».
    Et alors on repense à tous les moments où, parce qu’il a fallu vivre mille morts, celles de morceaux de corps, celles d’êtres chers, celles de séparations, celles de soi-même sans doute, on a replongé goulument dans la vie parce que, justement, on ne voulait pas être chez les morts.