Continuer à passer la soirée avec Outre-terre, de Jean-Paul Kauffmann.
On avance bien dans la lecture : on en est à la page 225, déjà. On lit lentement parce que même pour la lecture, on aimerait ne plus se presser.
« Les Anciens pensait qu’il suffisait qu’on évoquât leurs noms pour que les morts reprennent vie » (p. 222). Jean-Paul Kauffmann parle longuement des soldats de Napoléon, qu’il nomme les « sans traces ». Quelqu’un, semble-t-il, a fait un dictionnaire de ses soldats, en a fait la liste. Pourtant, aujourd’hui qui lit leurs noms ? Ils ont eu un corps, une âme, une famille. Interrogé intensément par les thèmes de la disparition, de l’absence, du retour à la vie, de l’avant, de l’après, du maintenant, l’auteur cite Emmanuel Levinas : « (il) parle de la luisance de la trace ». C’est une belle expression, qui incite à un arrêt supplémentaire dans la lecture de ce livre, pour réfléchir encore. Les chats, endormis sur les journaux, sont d’accord, on le sait bien, pour ce moment d’arrêt et de silence.
trace
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Passer la soirée avec Jean-Paul, Napoléon et ses soldats.
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22 septembre 2013. Belles de Nuit.
Sur le chemin de la grande promenade du samedi matin, celle qui passe devant les maisons à la fin de la ville dont les jardins débordent sur les trottoirs pour ensuite longer la mer jusqu’à la plage des Engraviers, ramasser à l’aller comme au retour, les graines de Belles de Nuit et les mettre dans un petit pot qu’on aura emmené à cet effet parce qu’on aime ramasser les graines de belles de nuit, les jaunes, les roses, et même les blanches, plus rares, qu’on aime les voir, respirer leur doux parfum du soir en été, qu’on aime aussi en planter là où on passe, parce qu’elles rappellent celui qui, le premier, dans le petit jardinet ombragé, en a planté, trois par trois, à espaces réguliers, et ensuite, quand il fut parti, on en a mis partout où on pouvait, comme une trace.