Passer la soirée avec Paolo Rumiz et son livre magnifique, Le phare, voyage immobile.
On a commencé ce livre lors d’un autre séjour dans la chambrette, entre les paravents marrons, là où il faut être patiente et tranquille.
Tout fait rêver dans ce livre : séjourner dans un phare, être au cœur de la Méditerranée, regarder les étoiles dans le ciel, regarder la mer et ses couleurs, ramasser des asperges sauvages, nommer les vents, lire, écrire ; voyager dans sa tête, dans son cœur, dans son âme ; se poser quelque part et réfléchir avec toute la lucidité possible pour faire le point et distinguer l’essentiel de l’accessoire.
L’auteur sait nommer les constellations mais parfois, il tâtonne, il inverse les noms, prend une étoile pour une autre, puis il sait les reconnaître tout autant que les situer. « J’y suis arrivé sans l’aide de manuels. L’obscurité a suffi à redonner un nom aux choses et à réveiller ma mémoire ». (page 49).
Relever ce passage aussi, page 160 : « Je pars comme le font les Grecs, sans jamais me retourner vers l’île. « Il ne faut pas regarder le rivage que tu laisses », disent-ils, ou tu souffriras de nostalgie, cette maladie qui te rappelle en arrière dès que l’on a hissé les voiles ».
LIRE / Livres du matin, du sac à main, du soir - Page 67
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Passer la soirée dans un phare.
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Passer la soirée avec Alexandre Jollien : Jubiler.
Dans le petit espace entre deux paravents marrons où on doit rester un certain temps et patienter, prendre le temps de lire Le métier d’homme d’Alexandre Jollien qu’on vient d’emprunter à la Médiathèque de Sanary.
Le matin même, on avait utilisé le mot « jubilation » dans un texte, pour rendre compte de ce qu’on avait ressenti en prenant un long bain de mer. On l’avait cherché, ce mot ; c’était bien celui-là qu’il fallait, mais on avait cherché, cherché… et voilà qu’on le rencontre à plusieurs reprises dans ce petit livre. Sans doute pour ne plus jamais le perdre ? Les livres ne viennent jamais à notre rencontre pour rien.
Page 18 : « la jubilation venait couronner et transformer en triomphe tout progrès, toute réussite, même la plus insignifiante ».
Page 27, quand l’auteur explique que les moments de jubilation sont aussi une opportunité pour devenir meilleur.
Page 54 : « Ces hommes, ces femmes, qui représentent peut-être une honte pour leur famille m’enseignent à jubiler devant la vie, à prêter une subtile attention à la vie ». (L'auteur est dans un foyer pour personnes handicapées où il vient faire une conférence sur Nietzsche).
Et enfin page 91 : « Le tragique de l’existence rappelle qu’il faut célébrer les occasions de jubiler et de faire jubiler. »
Jubiler vient du latin jubilare, pousser des cris de joie. C’est bien ce qu’on avait fait pendant le bain.