Il est parfois difficile de résister à l’appel du faire. Dans notre monde connecté, l’incitation à l’activité, voire l’activisme, est constante, que ce soit pour les grands ou pour les petits. Dans la semaine, les journées sont denses ; le samedi et le dimanche, si on ne travaille pas, on cherche parfois quoi faire après avoir fait les courses, fait du sport, fait du ménage… Le lundi, au bureau, on entendra parfois la question : alors, qu’est-ce que vous avez fait ce week-end ?
Face à cela, la tentation serait grande de répondre : rien. Mais il pourrait y avoir une autre possibilité, que ce soit pour les jours chômés ou les autres : pourquoi ne pas regarder autour de soi. S’asseoir, regarder. Déjà, regarder… Les gens avec qui on vit, l’endroit où on vit… Puis, porter le regard un peu plus loin, l’ouvrir à l’horizon, et pousser jusqu’à la contemplation.
D’où la question du lundi : aujourd’hui, qu’allez-vous contempler ?
contempler - Page 8
-
La question du lundi. Contempler.
-
Ciels.
Maintenant, quand il est de bonne heure le matin et qu’on ouvre les volets, le ciel a encore la couleur de la nuit profonde. Il est limpide. Ainsi, les étoiles brillent à leur aise. Certaines s’assemblent pour former un chariot, par exemple. D’autres se sont déjà éloignées.
Il y a l’aube.
Après l’aube, c’est ce moment pendant lequel le ciel organise ce qui sera son jour. Des nuages roses tout vaporeux traînent des pieds pour s’en aller, peut-être, à l’école des nuages. La lune, maintenant gibeuse, s’attarde. Le soleil met tout son temps à pointer. Une ou deux étoiles font semblant d’être un aéronef passant dans un rayon de lumière.
Puis, c’est le ciel. Bleu.
Il est là tout le jour, tranquille compagnon.
Le soir arrive plus tôt. Sans doute a-t-il envie de prendre ses aises, lassé peut-être aussi d’avoir été relégué dans une file d’attente tout au long de l’été. Le ciel en blanchit de surprise mais, avant que tout ne se ferme de nouveaux les nuages colorés profitent de l’instant pour jouer librement. C’est la récréation du soir. En voici des roses, ceux du matin même, c’est certain ; des violets, des gris, des presque rouges, lisses ou bourgeonnant, effilochés ou décoiffés. A l’heure dite, mais quel est donc ce signal qui leur est donné, ils s’éloignent vers le jour d’après qu’ils sont les seuls à apercevoir puisqu’ils sont au-delà de l’horizon. La première étoile apparaît. La lune. Elles restent seules le temps que tout se mette en place. Puis d’autres étoiles. Se disent-elles bonjour ? Bonjour puisque ce soir est le matin de leur nuit. Le ciel reprend sa teinte d'ombre profonde.
Tout est calme.