Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Bonheur du jour - Page 198

  • Ecouter chaque vie, arbres de Judée, tricot et torsades.


    Lire avec gratitude non seulement les commentaires sur le blog à la note précédente, mais aussi les messages reçus en privé. Ecouter chaque vie.

    Dans le chemin de l’amandier, remarquer les arbres de Judée qui fleurissent tous en même temps. Envers et contre tout, ce froid soudain, ce vent violent, cette guerre si proche, les autres guerres lointaines mais guerres quand même, les fleurs roses pointent et saluent les oiseaux comme les passants.

    Le tricot aux innombrables torsades a atteint les 25 cm. Mailles à l’endroit, à l’envers, devant, derrière, mailles qui se croisent, rang pair, rang impair, changer de fil sans jamais faire de nœud. Au fur et à mesure des années, le tricot en impose à chaque fois un peu plus par sa belle symbolique.

  • Pistes pour le mois d’avril.


    Comme souvent le matin, petit tour chez cette amie âgée à qui on apporte le pain et parfois le journal. Bien qu’il soit tôt, elle est toujours toute pimpante et la cuisine est bien rangée. Elle a déjà sorti ce qui serait son repas, posé sur le potager ; son couvert, assiette, fourchette et couteau, est prêt sur la table.
    La trancheuse du boulanger était en panne : il a fallu couper le pain en tranches les plus fines possibles, avant de le remettre dans son sachet. Elle a récupéré dans sa main, en balayant la toile cirée de l’autre, les miettes pour aller les mettre sur la table de la terrasse.
    - Pour les oiseaux.
    Et puis on s’est assis.
    - Vous prendrez bien un petit café ?
    - Bien sûr.
    En le buvant, on papote. Du temps qu’il fait. Et de la guerre. Celle d’aujourd’hui. Celles de toujours. Celle qu’elle a vécu. Alors, elle parle. Bien sûr, on a déjà entendu tout cela, à de multiples reprises tout au long de ces années écoulées.
    L’exode. La maison abandonnée, en partie détruite par une bombe qui dévastera le vaste potager qui nourrissait toute la grande famille et qu’on retrouvera bien plus tard pillée de tout son contenu, le trajet sur le guidon du vélo du grand frère ou sur les épaules d’un oncle, l’accueil dans une ville inconnue, l’incertitude, et puis le retour car il faut bien vivre quelque part, les années de guerre, les recettes avec ce qu’on trouve, la faim, le froid, les morts.
    Cette fois-ci, on ne prend pas l’excuse d’autres courses à faire pour d’autres personnes afin de pouvoir partir, puisqu’on sait déjà tout ça. Non, on écoute. Ce n’est pas seulement une dame âgée qui raconte encore une fois son passé, c’est une femme qui a vécu la guerre alors qu’elle était enfant et qui croyait qu’elle ne reviendrait plus, du moins aussi près de chez elle.
    On écoute, parce que peut-être, tous ces gens qui ont été touchés dans leur chair n’ont pas été assez écoutés.
    Cela pourrait être une piste pour ce mois d’avril : écouter.
    Prendre le temps d’écouter ; des dames âgées ; d’autres plus jeunes ou pas ; peu importe. Cesser d’avoir la tête dans le guidon.
    Ecouter chaque vie.