Aussitôt que la vie, mon dernier livre : un extrait choisi avec soin et traduit en espagnol sur le beau blog Espaces Instants. Merci !
Marcher, justement : Vraiment très tôt, marcher le long de la mer que nulle clarté n’a encore réveillée. Pas après pas, contemplation de l’aube qui point et tire vers le haut puis vers ailleurs tout ce qui était de la nuit. C’est le signal pour les cigales, les mouettes et les oiseaux.
Haricots verts : Le « clac » du haricot vert qu’on équeute et qu’on coupe avant de le mettre dans la passoire. Cela a toujours fait le même son, le haricot vert qu’on équeute et qu’on coupe, autour des tables recouvertes d’une toile cirée parfois, avec celles et ceux dont on se souvient encore, il y avait aussi peut-être une feuille de journal bien étalée qu’on avait ainsi l’occasion de lire, du moins les gros titres, et c’est arrivé qu’un enfant soit là et demande c’est quoi ce mot et on le lui a dit et il a répété puis s’en est allé courir dehors. Au moment du repas, la salade d’haricots verts, pommes de terres, oignons rouges et œufs a un parfum qu’il semble que nul mot ne puisse présenter.
Bonheur du jour - Page 216
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Aussitôt que la vie, marcher, haricots verts.
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Lire Minuit dans la ville des songes, de René Frégni
Comme j’ai promis à la bibliothécaire de rendre au plus vite Minuit dans la ville des songes, de René Frégni qui vient juste d’arriver à la Médiathèque, qui est en lice pour le prix des lecteurs du Var 2022 et que je suis autorisée à emprunter bien qu’il ne soit même pas encore mis en rayon, lire dans la salle d’attente en se réjouissant du retard du médecin, lire dans l’ascenseur pour rejoindre le parking, lire en attendant le dîner, lire après dîner et après avoir rangé vite fait bien fait la cuisine, lire jusque tard dans la nuit, si tard que même les cigales sont couchées quand on éteint la lumière, lire en prenant le café le matin, lire à l’arrêt de bateau, lire dans le bateau, lire sur le quai à l’arrivée et finalement décider de s’asseoir sur un banc un moment, lire en faisant la queue chez le marchand d’olives dont on peut se réjouir qu’il soit bien achalandé, lire en attendant le bateau du retour, pouvoir continuer à lire car finalement j’ai raté le bateau, lire dans le bateau, lire en attendant de repartir après avoir rangé vite fait bien fait les courses du marché, lire dans la voiture à l’aller, tu vas avoir mal au cœur, tant pis, lire dans la voiture au retour, tu vas encore avoir mal au cœur, tant pis, lire toute la fin de l’après-midi en compagnie des chats et, au moment où le livre est terminé, comme on est samedi soir et que la Médiathèque ne rouvrira pas avant mardi, recommencer à le lire plus tranquillement car c’est vraiment un très chouette livre sur les livres qui aident à vivre et envisager d’aller pour lire dans la forêt s’installer au pied d’un arbre, sur un banc sur le port, à une table du Provence Plage, à l’ombre du fort Balaguier face à la mer, à la plage le soir, un peu tard jusqu’à ce que la nuit tombe, bien installée l’après-midi dans la fraîcheur et le silence de la maison, etc.