Accompagner quelqu’un qui doit se racheter une cafetière peut se révéler tout à fait intéressant finalement : on apprend des choses, on est totalement surpris, on finit par repenser à « avant » (on a l’âge, maintenant, de parler de cette façon qu’avaient nos parents de le faire, ce qui était très agaçant) et on constate encore une fois que le minimalisme, et bien ce n’est pas pour demain.
Que quelqu’un ne tente pas de faire réparer sa cafetière en panne n’est pas une surprise. Par contre, voir qu’on peut désormais avoir un contrat, une sorte d’abonnement avec prélèvement automatique et tutti quanti pour acheter son café, ça, c’est une première… Deuxième surprise, le montant annuel… Une somme coquette, quand même…
Et vlan ! On se met à repenser à comment c’était « avant », ce qui n’est pas forcément une bonne idée si on y réfléchit bien car « avant », tout n’était pas rose, loin de là. Mais pour le café, on se souvient qu’on l’achetait avec parcimonie. On le consommait, sans en gâcher la moindre goutte.
Et encore d’autres souvenirs sont revenus en mémoire : la casserole en fer, cabossée, dans laquelle on faisait réchauffer le café… Où est-elle passée, cette casserole ? Il y a avait celui qui n’aimait pas le café réchauffé …. celle à qui c’était égal… celle qui prenait toujours soin de faire du café frais pour celui qui rentrait de l’usine, fourbu, et qui le buvait avec délectation, assis dans la cuisine, ignorant que le reste de la cafetière avait été versé dans un autre contenant, et qu’elle le boirait quand ce serait son tour de faire une pause, après la lessive ? après le repassage ? après le grand ménage ? Mais peut-être qu’il ne l’ignorait pas, finalement.
Pour en revenir à la question du lundi, voici plusieurs questions possibles :
Avez-vous déjà pris un contrat auprès d’un fournisseur pour acheter votre café ?
Savez-vous quelle somme de votre budget mensuel vous consacrez au café ?
Buvez-vous uniquement du café frais ou pouvez-vous boire du café réchauffé ?
Est-ce que vous jetez le café qui n’a pas été bu avant d’en faire du frais ?
avant et maintenant
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La question du lundi : du café.
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Passer une dernière soirée avec Jean-Paul Kauffmann et les soldats de Napoléon.
Terminer Outre-terre, de Jean-Paul Kauffmann.
On savait bien qu’il n’irait pas dans la chapelle. Ce n’était d’ailleurs pas le but puisque ce qu’il fallait faire, c’était chercher : mais comment donc entrer dans cette chapelle ? Est-ce possible ? Pourquoi cela serait-il impossible ? Faut-il contourner l’obstacle, entrer par effraction, ou bien sonner à la porte ? On comprend l’obstination à vouloir regarder le champ de bataille du haut du clocher car un élément supplémentaire, définitif peut-être, pourrait surgir et permettre d’avoir un semblant de réponse. L’auteur n’a pas pu obtenir ce qu’il voulait, mais il a eu une autre réponse, sur un autre sujet.
Napoléon semble avoir gagné la bataille d’Eylau ; mais il n’en est pas convaincu.
Les Russes affirment avoir gagné la bataille d’Eylau mais ils sont les seuls à le croire.
Gagner. Gain. Gagnant. Réussir. Réussite. Victoire. Victorieux. Triomphe. Triomphant.
Et par la suite, perte, abandon, blessure et mort.
Et par extension, vie, vivant, survivant, revivre.
Et donc, avant et maintenant.
Outre-terre, c’est un livre qui fait réfléchir, encore et encore, sur ce que c’est que de gagner.
Si je suis passé de l’échec à la victoire, qu’ai-je vraiment gagné ? Qu’est-ce qu’il m’a fallu perdre pour gagner ? De combien de petites morts mon chemin est-il marqué ? Suis-je celui ou celle que j’étais avant, quand j’étais vaincu ? Et maintenant que je suis vainqueur, sur qui ou sur quoi ai-je gagné ? Peut-on regagner, d’ailleurs, ce qu’on a perdu ? Et si c’est le cas, ce que je retrouve m’est-il autant nécessaire qu’au temps d’avant, surtout que ce regain n’est pas ce que j’ai perdu, puisque le temps a passé, que les choses ont changé ?
On ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé.
Mais ce qui s’est passé était hier : aujourd’hui est un nouveau jour.