Parce que c’est dimanche matin, on s’occupe de la maison : on aère, on balaie, on range les papiers qui traînent. On sort la nappe blanche qui est un peu froissée. On prépare la cuisine aussi. Mais cela tombe au moment où l’émission Musique Emoi commence. L’invité est Christophe André. On met plus fort, pour ne rien perdre et on prend deux décisions importantes : on ne passera pas l’aspirateur et on va préparer des macaronis au gratin plutôt qu’un gratin dauphinois puisque les pâtes ont l’avantage de ne pas avoir à être pelées ni coupées.
On pèle quand même les asperges et on les met à cuire. On nettoie la mâche. On prépare la vinaigrette. Le poulet crépite maintenant dans le four et il est temps de repasser, activité particulièrement propice à l’écoute de la radio. On repasse consciencieusement, en s’arrêtant encore et encore pour écouter la radio, le revers du drap plat et les bordures en dentelle des taies d’oreillers car le lit est en train de s’aérer et il va falloir le faire. On va pour prendre la nappe quand Bach, déjà très présent dans l’émission, s’impose avec le Concerto Brandebourgeois n°3. On a tenu jusque-là dans la succession des tâches, mais le fer se transforme alors en baguette de chef d’orchestre et on fait quelques pas de danse autour de la planche à repasser. Quand viendra le moment d’écouter Marias Callas dans le fameux air de la Norma, on n’hésitera pas à chanter en même temps, faisant fi des fenêtres ouvertes.
Avec tout ça, on a pris du retard, mais tant pis. On expliquera aux invités qu’on a dansé et chanté puisqu’on est devenu cigale.
christophe andré
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La cigale du dimanche matin.
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Passer la soirée avec Christophe, Jon, Pierre et Matthieu.
Passer la soirée à lire Se changer, changer le monde, de Christophe André, Jo Kabat-Zinn, Pierre Rabhi et Matthieu Ricard.
Avoir choisi ce livre à la bibliothèque car il présente en exergue cette phrase d’Etty Hillsum :« Je ne crois pas que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur que nous n’ayons d’abord corrigé en nous. »
Puis, relever d’autres phrases, parce qu’on aime faire ça, recopier des phrases dans un petit carnet, ou sur des petits bouts de papier, le plus souvent des dos d’enveloppes, et on les laisse sur les étagères, ou sur le bureau, ou sur la table, et parfois ils volètent dans la pièce et vont et viennent alors on les ramasse et on les relit, ou alors encore c’est quelqu’un de passage qui peut les lire si besoin :
« Soyez le changement que vous voulez voir en ce monde », Gandhi.
« Il est fondamental de s’occuper de soi-même non par nombrilisme ou par égoïsme, mais pour protéger et restaurer ce qui fait notre humanité : notre intériorité », Christophe André.
Ce sont des moissons de mots.