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  • Moisson.

    Balayer la terrasse en s’occupant de chaque plante : enlever les feuilles fanées, vérifier que la terre est humide, essuyer les larges feuilles du caoutchouc, sourire aux tulipes qui pointent d’un cm à peine et aux fleurs blanches du crassula.
    Recevoir avec joie une collègue qui vient prendre des nouvelles ; boire un café, papoter, rire, et se quitter en se promettant de se revoir au plus vite.
    Ecrire quelques lettres et mettre des petits brins de mimosas dans les enveloppes qu’on choisit jaunes, bien sûr.
    Aimer de plus en plus la blancheur du Mont Faron quand, le soir, le soleil l’éclaire directement comme le ferait un projecteur sur un acteur de cinéma.
    Nettoyer et ranger les placards de la cuisine.
    Préparer sans aide le repas du partage : poulet au curry, riz, panna cotta et orange.
    Un après-midi de repos, regarder une émission sur Ruth Denison puis rester à écouter le silence : le vent qui souffle dehors, la pendule qui tic et taque à l’intérieur, le plancher qui grince tout à coup, le chat endormi qui se met à rêver.
    Etre surprise par le premier amandier en fleurs, au coin de l'avenue Auguste Plane.


  • Le linge sur le balcon.

    En début d’après-midi, dans la salle d’attente bondée, le temps est un peu long. Mais il y a une fenêtre. Elle donne sur un immeuble aux vastes balcons tout ensoleillés.
    Sur l’un d’entre eux, un étendoir plein de linge. Une jeune femme sort et commence à enlever ce linge. Elle plie les torchons, les tee-shirts et les polos mais laisse les chemises sur leurs cintres et rentre le tout. L’étendoir reste vide et seul. La jeune femme revient. Elle étend du linge maintenant. Son visage est paisible et ses gestes précis. Elle est toute à sa tâche. Elle fait tourner l’étendoir au fur et à mesure qu’elle le remplit ; elle met une pince à linge dans la bouche quand elle en a trop dans les mains ; elle souffle sur une mèche de cheveux quand elle virevolte devant ses yeux ou la glisse derrière l’oreille.
    Car il y a du vent. C’est pour cela qu’elle s’occupe du linge, oui, sans doute depuis le matin : ici, les jours de vent et de soleil, on en profite pour laver, étendre, plier et, le soir, tout est sec et sent bon le frais.
    Quand on entend son nom et qu’il est donc temps de passer, on dit au revoir en silence à la jeune femme qui finit d’étendre. C’était bien de regarder ce spectacle simple par la fenêtre. Il y a toujours une fenêtre.