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  • Moisson du 13 mai 2021.

    Avoir la chance d’avoir un toit.

    Marcher longtemps le long de la mer, au Brusc et au Gaou. S’asseoir et contempler. Les nuages et l’écume des vagues sont du même blanc.

    En montant au Mont Salva, rencontrer un joli rosier ancien dont les roses se balancent nonchalamment dans le vent. Là encore, prendre le temps de le regarder en arrêtant le pas. S’approcher enfin pour sentir les fleurs et se souvenir d’autres rosiers anciens rencontrés çà et là : ceux grimpant au coin d’une maison pour aller jusqu’au toit, d’autres franchissant une clôture, d’autres encore s’enroulant avec gourmandise autour d’une treille ; des rose poudré comme celui-ci, des rouges, des blancs.

    Puisqu’il faut couper quelques tiges du chèvrefeuille afin de pouvoir passer par le portail, le faire doucement, en expliquant le pourquoi du comment et prendre soin des tiges coupées qu’on met dans le petit vase bleu ramené d’Italie en son temps ; une façon de leur rendre hommage.

    Constater qu’il y a trois nouveaux lecteurs d’Avec la vieille dame. Mais on ne sait pas où. Si jamais ils passaient par là, qu’ils en soient remerciés.

  • Un poème pour la journée. Le cimetière marin.

    I.

    Ce toit tranquille, où marchent des colombes
    Entre les pins palpite, entre les tombes ;
    Midi le juste y compose de feux
    La mer, la mer, toujours recommencée !
    O récompense après une pensée
    Qu’un long regard sur le calme des dieux !

    II.

    Quel pur travail de fins éclairs consume
    Maint diamant d’imperceptible écume,
    Et quelle paix semble se concevoir !
    Quand sur l’abîme un soleil se repose,
    Ouvrages purs d’une éternelle cause,
    Le Temps scintille et le Songe est savoir.


    Ce sont les deux premières strophes du Cimetière marin de Paul Valéry. Il y en a vingt-quatre au total. C’est bien aussi les longs poèmes. En les lisant, on a le temps de s’installer pour en profiter. On y plonge, on s’y enfouit et ensuite, on relève la tête et on regarde le monde qu’on voit alors autrement.
    Surtout celui-ci qui est si beau à évoquer tout ensemble à travers le prisme de ce cimetière surplombant la grande bleue et symbolisant l’éternité,
    la vie, « la vie est vaste » (strophe XII), « Le don de vivre a passé dans les fleurs » (strophe XV),
    le soleil brûlant de l’été, « Midi là-haut, Midi sans mouvement » (strophe XIII),
    et toujours toujours pour toujours
    le soleil, la mer, le vent, un livre de poésie.

    XXIV.

    Le vent se lève ! … il faut tenter de vivre !
    L’air immense ouvre et referme mon livre,
    La vague en poudre ose jaillir des rocs !
    Envolez-vous, pages tout éblouies !
    Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
    Ce toit tranquille où picoraient des focs !