Depuis bien longtemps, on a fait du respect dû à chaque être humain un principe fondamental car on considère que personne n’est supérieur ou inférieur à personne. Ainsi, on parle souvent des « droits de l’être humain » ou des « droits de l’Homme » plus que des « droits de l’homme ». Soyons direct-e, chacun fait comme il veut, non, comme il-elle veut, non, comme elle-il veut, mais ce n’est pas en écrivant « les hommes et les femmes sont égales » (principe de l’accord de l’adjectif avec le nom commun qui lui est le plus proche dans la phrase dans l’écriture inclusive) que la réalité rejoindra la grammaire. C'est en étant attentif à ce qui se passe dans la vraie vie. Toutefois, la discussion dominicale a été très intéressante et enrichissante car il y a un autre principe de vie fondamental : l'ouverture d'esprit !
D’où la question du lundi : Avez-vous déjà tenté d’écrire un texte ou de parler en utilisant les règles de l’écriture inclusive ?
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En dehors de la machinerie de la parole.
C’est peut-être parce que le soleil inondait la grande salle parsemée de tables autour desquelles des personnes âgées semblaient être tout aussi parsemées,
c’est peut-être parce qu’en entrant chacun disait bonjour,
c’est peut-être parce que les carafes de verre étaient remplies d’une eau parfaitement limpide,
c’est peut-être parce qu’on était en mai,
c’est peut-être parce que les lasagnes étaient délicieuses,
c’est peut-être parce que le mois dernier on s’était dit que ce serait peut-être bien de déjeuner ensemble quand même vu qu’on ne s’est pas vu pendant des années et qu’on l’avait fait mais qu’on n’avait sans doute pas su par où commencer,
c’est peut-être parce qu’on s’est dit qu’on pourrait déjeuner encore ensemble ce mois-ci pourquoi pas,
c’est peut-être parce qu’on a vieilli qu’on a pu se parler sans faire semblant, bien en dehors de la machinerie de la parole (1) et qu’au moment du dessert on a parlé de la mort et donc de la vie
c’est parce que, c’est sûr, toujours le silence est fécond un jour ou l’autre.
(1) La machinerie de la parole, terme utilisé par Max Picard dans Le monde du silence, éd. La Baconnière, p. 113