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  • Pistes pour le mois d’avril.


    Comme souvent le matin, petit tour chez cette amie âgée à qui on apporte le pain et parfois le journal. Bien qu’il soit tôt, elle est toujours toute pimpante et la cuisine est bien rangée. Elle a déjà sorti ce qui serait son repas, posé sur le potager ; son couvert, assiette, fourchette et couteau, est prêt sur la table.
    La trancheuse du boulanger était en panne : il a fallu couper le pain en tranches les plus fines possibles, avant de le remettre dans son sachet. Elle a récupéré dans sa main, en balayant la toile cirée de l’autre, les miettes pour aller les mettre sur la table de la terrasse.
    - Pour les oiseaux.
    Et puis on s’est assis.
    - Vous prendrez bien un petit café ?
    - Bien sûr.
    En le buvant, on papote. Du temps qu’il fait. Et de la guerre. Celle d’aujourd’hui. Celles de toujours. Celle qu’elle a vécu. Alors, elle parle. Bien sûr, on a déjà entendu tout cela, à de multiples reprises tout au long de ces années écoulées.
    L’exode. La maison abandonnée, en partie détruite par une bombe qui dévastera le vaste potager qui nourrissait toute la grande famille et qu’on retrouvera bien plus tard pillée de tout son contenu, le trajet sur le guidon du vélo du grand frère ou sur les épaules d’un oncle, l’accueil dans une ville inconnue, l’incertitude, et puis le retour car il faut bien vivre quelque part, les années de guerre, les recettes avec ce qu’on trouve, la faim, le froid, les morts.
    Cette fois-ci, on ne prend pas l’excuse d’autres courses à faire pour d’autres personnes afin de pouvoir partir, puisqu’on sait déjà tout ça. Non, on écoute. Ce n’est pas seulement une dame âgée qui raconte encore une fois son passé, c’est une femme qui a vécu la guerre alors qu’elle était enfant et qui croyait qu’elle ne reviendrait plus, du moins aussi près de chez elle.
    On écoute, parce que peut-être, tous ces gens qui ont été touchés dans leur chair n’ont pas été assez écoutés.
    Cela pourrait être une piste pour ce mois d’avril : écouter.
    Prendre le temps d’écouter ; des dames âgées ; d’autres plus jeunes ou pas ; peu importe. Cesser d’avoir la tête dans le guidon.
    Ecouter chaque vie.

  • La pluie et la terre, à la maison, en bonne compagnie, écrire et habiter au bord de la mer.


    Au moment où la pluie tombe enfin, mettre toutes les plantes dehors pour qu’elles s’abreuvent. Il a plu longtemps, longuement, comme si la pluie, ce jour-là, avait eu le souci de la terre assoiffée.

    Mesurer sa chance de pouvoir rester dans sa propre maison, bien installée près de la fenêtre pour tricoter en buvant un thé, en bonne compagnie, pour parler des derniers livres lus : la saga des Cazalet, les romans policiers et historiques d’Eric Fouassier, le dernier livre de Stefànsson.

    Recevoir du courrier ; courrier très gentil à propos de Nous et d’Avec la vieille dame.

    Ecrire quelques lettres et projeter d’aller les poster aux Sablettes car la boîte aux lettres y est tout à côté de la plage, du marché et de la boulangerie.