Relecture de « Bruges-la-morte », de Georges Rodenbach. Un roman lu il y a près de quarante ans dans lequel la ville de Bruges est tout autant un personnage de l’histoire que les autres protagonistes.
Ce récit était resté très vif dans la mémoire, contrairement à certains livres qu’on lit parfois et dont on ne se souvient qu’à peine après les avoir terminés.
Sans doute parce qu’il évoque Bruges, son gris, son béguinage et sa beauté ;
parce qu’il est si bien écrit, dans un français qui disparaît ;
parce qu’il évoque aussi ce genre de passion qui anéantit ceux qui en sont sujets bien qu’ils croient que cela les fait revivre – ici d’un homme pour une femme morte qu'il croit revoir et retrouver dans une femme qui lui ressemble.
Il y a beaucoup de gens comme cela qui recommencent les mêmes histoires en se disant que cette fois-ci, on y arrivera certainement et qui finissent par enrager de constater que cela ne se fait pas comme ils l’auraient voulu.
Ils font comme si pendant un certain temps, même quand ils ont compris qu'ils se sont trompés.
C'est eux qui se sont trompés, d'ailleurs.
Et l’histoire finit mal.
Parce que la place qu’on a laissé à la vie, c’était encore une fois la place de la mort.
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Rencontres.
Aider une personne à prendre soin d’elle car faire cela, c’est une première étape pour se mettre debout, même symboliquement.
Aller à un anniversaire le samedi. Aller à un anniversaire le dimanche. 90 ans. 23 ans. Mais la même chanson.
Après avoir entendu quelques remarques hérissées de piquants bien pointus, répondre tout d’abord « merci » puis ajouter en souriant que oui, on est blessé à cet instant mais c’est tant mieux car cela veut dire qu’on ressent des choses, qu’on a un cœur, qu’on suit un chemin vallonné où alternent ombre et soleil, ce qui est quand mieux que de vivre sur une sorte de banquise où ne résonne même pas un chant d’oiseau. Car tout le monde sait que les oiseaux choisissent à dessein pour chanter les lieux où on les écoute avec ravissement, eux.