On rentre dans la nuit après avoir passé des heures dans un service où des professionnels exceptionnels font preuve tout autant de compétences que d’humanité.
La maison est bien chaude. On se repose. Au tout petit matin, on peut se lever et on prend plaisir à préparer le café. On fait griller du pain. On beurre les tartines de quelqu’un. On y rajoute de la marmelade d’oranges qu’on a faite spécialement pour ce régal-là. On se demande : Ça va ? Tu as bien dormi ?
Puis, toujours ensemble, on reste dans le silence après avoir appris que l’idole des jeunes s’en est allé.
Puis, on se remémore des tas de moments, des tas de souvenirs, des tas de chansons.
Et on chante. Les gens m’appellent l’idole des jeunes / Il en est même qui m’envie / Mais ils ne savent pas, dans la vie / Combien tout seul je suis.
On peut chanter cette chanson intégralement – et bien d’autres encore. Mais c’est celle-ci qu’on va garder le temps qu’il faut ; au moins sur la route de ce jour.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 144
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Chanter.
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De la richesse.
Le jour est gris velouté. On a peu attendu dans la salle d’attente. On est sorti du cabinet du médecin en entendant ces mots importants : « ça va aller. » On a descendu le Cours Lafayette en faisant quelques courses : de la doucette, de la coriandre, et une jacinthe, la première de la saison. On a repris le bateau. Le temps de la traversée, on a regardé la mer. Comme on est riche ! On va rentrer à la maison. Il y fera bon. On posera la fleur sur le rebord de la fenêtre pour la voir, au gré des jours, grandir et fleurir. Mais l’image des migrants aperçus il y a quelques temps à Vintimille, marchant sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute s’impose encore une fois. Ne pas oublier cela quand, dans l’après-midi, on restera tranquille.