Plusieurs demandent des précisions quant au fait de pouvoir lire en réunion sans se faire remarquer. C’est un bonheur que de présenter ici une méthode qui, on n’en doute pas, peut sûrement être améliorée.
Comme aurait dit quelqu’un qui nous manque terriblement, de tout temps à jamais, prendre place tout au fond de la salle de réunion. En effet, il faut avoir bien en tête de ne jamais éveiller les soupçons : il est donc conseillé à ceux qui veulent désormais pouvoir lire tranquilles pendant les réunions mais qui avaient tendance à se mettre dans les premiers rangs, d’habituer progressivement l’auditoire à ce qu’on soit placé au fond ; il faudra donc plusieurs réunions. Mais tout est une simple question de temps, et cela vaut la peine.
Choisir pour lire un livre d’un format assez petit afin qu’il soit dissimulé derrière le cahier grand format ou l’agenda grand format qu’on croit couvert de notes. Pour exemple, lors de la dernière assemblée générale de l'année, on n’avait pas pu poursuivre la lecture du Jardin de Virginia Woolf, trop grand, et on avait choisi Fidélité à l’éclair, de Roberto Juarroz. Penser aussi à avoir un crayon en main.
Si on est assis à une table, s’en éloigner légèrement de manière à poser le cahier sur les genoux et contre la table qui sert ainsi de support. S’il n’y a qu’une chaise, croiser les jambes de façon à positionner le cahier de la même manière.
Si des documents ont été distribués avant la réunion, ne pas hésiter à s’installer avant tout le monde, dans la position ad hoc, avec les dits papiers, et donner l’impression qu’on est déjà en train de les étudier.
Au cours de la réunion, on peut les manipuler également, comme si on cherchait une information. Puis on les repose de manière à ce que les orateurs croient qu’on les a devant les yeux mais on les positionne derrière le livre, bien sûr. Au cours de la réunion aussi, de temps en temps, lever la tête, regarder avec une attention soutenue un des orateurs, et opiner du bonnet. Et, surtout, pour parfaire sa tranquillité, tout à trac, poser une question. Bien évidemment, la question arrive comme un cheveu sur la soupe. Mais on sait qu’on a déjà la réputation de ne jamais tout comprendre tout de suite. Il faut faire fi de cela, car on en est déjà au chapitre 10.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 213
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Méthode : lire en réunion.
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A Tamaris.
Après une petite promenade sous les pins de Tamaris, s’asseoir près du Fort Balaguier et rester là à regarder la mer. Tout à coup, penser à George Sand et Frédéric Chopin. Comme on était allé sur leurs traces il y a des décennies maintenant au Caffé Florian à Venise, on se trouve encore une fois dans leur sillage.
Quand on aura fini la relecture de Virginia Woolf, qui prend beaucoup beaucoup plus de temps que prévu, on fera une année avec George Sand. Voilà pour la lecture.
Quant à la musique, c’est décidé de passer l’année avec Chopin. On commence avec l’intégrale des Nocturnes, dans la belle interprétation de Brigitte Engerer.