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MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 236

  • Bonheur du Jour

    Maintenant, on s’arrête à l’embarcadère de Tamaris, car il est désormais inutile d’aller jusqu’au bout de la route, de tourner à droite puis à gauche puis encore à droite, pour arriver quelque part.
    Là, on est au milieu de ce qui fut le chemin qu’on prenait quotidiennement. Il y a un petit quai. On va jusqu’au bout. On reste là. On regarde.
    C’est immense, tout devant. Impossible d’enlacer ce paysage. On n’enlace plus, d’ailleurs. Impossible de prendre dans les mains un nuage ou un filet de vent ; même l’eau coule entre les doigts. On a les mains vides, d’ailleurs. On est simplement posée ; seulement posée. Les bras ballants. Peut-être même voudrait-on cesser de respirer. On le fait, d’ailleurs.
    Puis, trois oiseaux passent dans le ciel, se pourchassant en piaillant comme le feraient des enfants dans une cour d’école.
    Puis, l’eau clapote contre les rochers et offre son chant délicieux.
    Puis, tendant les bras comme on le ferait dans un lieu obscur pour se guider, on rencontre Mozart et on se chante dans la tête l’Adagio du concerto n°23.
    On est vivant pour écouter Mozart. Il nous permet le flot des larmes tout autant que le torrent des rires. Mais il nous rappelle surtout qu’il ne faut pas être la proie du désespoir.


  • Au même endroit.

    En rentrant des courses, passer par une rue qu’on connait pour être fleurie. Il faut faire un petit détour, mais qu'importe.
    Et oui ! Après le jasmin, la glycine, voici le seringat !
    Comment résister ? Impossible.
    Allez, on se gare, on traverse, et on maraude deux petites branches. Des petites, mais quand même des assez grandes pour qu’on en profite bien.
    Le parfum du seringat, alors là….
    Dans leur petit vase en verre, les fleurs blanches aux pistils jaunes et charnus voisinent avec les roses blanches de Brignoles, toujours en fleurs, et les pivoines, totalement ouvertes.
    C’est beau.