Sur la route de St Cyr, prendre les petits chemins de traverse et passer par Ste Trinide car on voudrait bien retrouver le magnifique mimosa dont on a gardé depuis l’an dernier le souvenir.
Poser la voiture quelque part, et partir à pied. Il pleut. Le ciel est gris. Les arbres sont fouettés par le vent. C’est l’hiver dans le Sud, mais il y a toujours un éclat de lumière quelque part : dans le feuillage vert bronze des oliviers, dans quelques fleurs de forsythia qui ont fleuri un peu tôt, et voilà, dans ce mimosa-là, celui qu’on cherchait. Il semble aussi ancien qu’un chêne royal des forêts et les boules jaunes sont bellement gorgées de pluie qu’elles retiennent pour abriter un instant la promeneuse ébahie. Un oiseau, tout près, sautille dans les flaques de la route étroite qui part serpenter dans la colline et boit en picorant. Il transmet sa joie.
Du sac à dos, on sort un livre de poème de François Cheng, La vraie gloire est ici :
Flaque de lumière
Flaque d’eau,
Au sein de l’éternelle rotation des astres,
Cette brève flamme chasse la lente grisaille
D’un après-midi.
Flaque de lumière,
Flaque d’eau,
Attirant quelques moineaux : leurs gazouillis
Rappellent un instant le bonheur terrestre :
La soif étanchée.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 258
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La pluie l’après-midi.
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Voulez-vous des citrons ?
Sortir pour aller chercher le pain.
Dans son jardin, une voisine est en train de cueillir des citrons. On lui dit bonjour. Elle répond :
- Voulez-vous des citrons ?
Et on poursuit sa route avec quelques citrons.
Plus loin, on est interpelée par un autre voisin.
- Je vois que vous avez des citrons. Vous en voulez d’autres ? J’en ai plein, le citronnier croule cette année.
Et on en a encore quelques-uns en plus. Ça devient difficile à tout porter dans les mains, alors on se sert du devant du pull.
On revient vers la maison pour les déposer.
Le premier voisin est en train de nettoyer son jardin.
- Ah, vous voilà ! Vous voulez des citrons ? Je suis envahi.
On pose les citrons qu’on a déjà, on ressort et on va vers le citronnier derrière la maison : on en écarquille les yeux tellement il a de fruits. Tout en les cueillant, on a l’impression d’être dans une des merveilleuses sculptures de Jean-Michel Othoniel.
Toujours dans le pull, on met les citrons qu’on cueille.
On pose cette récolte fabuleuse et imprévue sur la table.
On va pouvoir faire de la marmelade de citrons.