Après avoir rangé la cuisine, avoir envie d’y mettre un bouquet de fleurs.
Descendre sur le port pour aller en acheter.
Hésiter devant le parterre multicolore.
Lysianthus blanches ou mauves. Anémones rouges et violettes. Roses rouges. Marguerites blanches ou jaunes. Lys odorants.
Attraper un bouquet de renoncules orange alors qu’on aperçoit les dahlias jaunes auxquels on ne résiste pas.
Et quand le regard revient vers les anémones violettes, les rajouter à cette moisson de fleurs car, dans le vase bleu ciel, tout cela ensemble, cela fera très joli.

Alors que la nuit devient probable plus tôt que d’habitude, retrouver Titiano et son bateau pour une grande promenade. Partir par les canaux, les grands et larges, Canal de Canareggio, Grand Canal, puis, le batelier décide d’aller et venir pour nous montrer sa Venise, celle de son enfance, « je suis né là », « j’ai habité là », celle de sa vie quotidienne, « j’habite là maintenant », celle de Vénitiens qu’on aperçoit, sur le pas de porte d’un bacaro, en train de boire un ombra en parlant fort et en dégustant des cichetti tandis que des enfants font de la patinette sur le quai.
Puis les canaux deviennent plus étroits, et c’est alors une Venise silencieuse que seul le clapotis de l’eau sur la coque du bateau alerte et quelques fenêtres s’allument sur la nuit enfin tombée, laissant entrapercevoir, au-delà du linge étendu, des vies du soir, quand le travail est fini et qu’on rentre chez soi.