A l’arrêt de bus, regarder les fleurs, les arbres, les jardins, les bateaux, les collines, le ciel, les nuages. Les gens aussi. Ceux qui attendent le bus les mains dans les poches et le regard perdu ou en regardant leur téléphone ou en parlant au téléphone. Ceux qui passent sur le trottoir en marchant vite tête baissée ou le téléphone collé à l’oreille, les dames qui poussent leur enfant dans une poussette et qui regardent droit devant elle vers l’école où elles se dirigent ou qui regardent leur enfant en souriant, des couples, certains rentrant des courses avec des paniers pleins, l’un près de l’autre, l’un derrière l’autre, d’autres couples sans paniers mais mains dans la main, d’autres gens qui se sont arrêtés pour se parler, des voisins peut-être.
En étendant le linge sur la terrasse, remarquer qu’il y a désormais quatre tourterelles sur le fil électrique qui passe au-dessus de la cour. D’où viennent les deux nouvelles ? Elles s’installent à un bout du fil, et les deux anciennes à l’autre bout, leur place habituelle. Elles finiront certainement par faire connaissance et papoter entre elles.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 61
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A l’arrêt de bus et en étendant du linge.
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Pistes pour le mois de septembre.
Ne pas se décourager.
Cela fait longtemps qu’on voulait parler de cela ici. En effet, combien sommes-nous guettés par le découragement qui peut advenir d’un instant à l’autre ? Ne le laissons pas gagner et dès l’instant où nous l’avons reconnu, où nous en avons été la proie, chassons-le. Il est advenu parce qu’on a baissé la garde et qu’on a cessé de continuer à faire ces tout petits pas vers soi-même. Il ne faut pas croire qu’admirer un ciel étoilé le matin au moment où on ouvre les volets, qu’écouter les sonates de Beethoven, qu’observer les pétales mouchetés des belle-de-nuit, envoyer çà et là des coussinets de lavande ne sont que des pis-aller face à l’adversité du monde. Non. C’est dire oui, dire non, dire « je ». Cela, et d’autres choses encore, minuscules, petites, moyennes, grandes, énormes, signifie aussi qu’il n’est pas envisageable de laisser qui que ce soit décider à votre place en tenant en permanence un langage négatif genre « ce n’est pas possible, tu n’y arriveras jamais », ou dépréciatif genre « c’est ridicule, à ton âge » ou « ça ne sert à rien » ou encore culpabilisant genre « mais pour qui te prends-tu ? ».
On se prend pour soi-même, en fait.
En septembre, semons les oui et les non de notre vie courageuse.