Le matin, pour rendre hommage à quelqu’un, chanter une chanson qui contient les mots donner, aimer, pardonner.
L’après-midi, aller dans la forêt marcher lentement. Faire bruisser les feuilles. S’asseoir sur une grume. Regarder. Ecouter les chants des oiseaux. Se faire surprendre par la pluie. Ne pas la fuir en courant vers le retour ni même en se mettant à l’abri mais la laisser mouiller le chapeau, les vêtements, les chaussures et les mains jusqu’à en être inondé. Lavé, peut-être ? Chercher aussi quelle est la note chantée par les gouttes de pluie quand elles touchent la terre. Fa ?
Le soir, écouter le concerto n°23 de Mozart interprété par Maria Joao Pires. L’andante en particulier, dont Anne Dufourmantelle, dans Puissance de la douceur, disait qu’il n’était pas seulement parfait mais qu’il tressait une cathédrale de sons. « Un parfait équilibre » (1). L’équilibre. Tout est là.
(1) Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur, page 36, Ed. Payot et Rivages, 2013.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 60
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Douceur.
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Senteurs du jour.
Humide et sombre, la senteur de l’aube du nouvel automne.
Iodée, celle des algues très tôt le matin, quand elles manquent déjà aux vagues qui les ont laissées sur la grève. C’est la mer, le sel et le sable, avec un peu d’écume et de vent, tout cela ensemble.
Sucrée, celle du pittosporum qui s’annonce dès le début de l’allée.
Toute fraîche, celle de la bogue du marronnier qui vient juste de tomber et s’est ouverte pour laisser rouler le marron luisant.
Piquante, celle du poivrier quand en se courbant pour passer sous ses branches-lianes on en froisse un peu des feuilles.
Citronnée, celle du basilic qu’on caresse avant d’en couper quelques feuilles.