Le matin, se lever en se disant que tout est nouveau. Même si on a plus ou moins le même emploi du temps, c’est bien de faire comme si tout se passait pour la première fois. De cette façon, on peut encore être surpris et, être surpris, c’est sentir la vie en soi car il faut toujours chercher la vie là où elle est, même si elle se cache. Pour y arriver, c’est bien de sentir qu’on respire et que rien n’est lisse tout autour de soi. On peut s’aider en faisant des micro-pauses, le temps de lire l’étiquette du pot de miel, par exemple, le temps d’aligner les verres sur l’étagère, le temps de bien poser ses pieds par terre et de sentir sur le sol chacun de ses orteils. Fractions de temps précieuses pour stopper ce défilement d’images et de gestes qui donnent le tournis.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 95
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Le matin.
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Terre.
Les mérévilles sont arrivées à la maison. Posées tranquillement sur le plan de travail de la cuisine. Dessous, plusieurs poches en papier bien étalées car elles sont pleines de la terre dans laquelle elles ont poussé. Leur terre. Quand on les a prises dans les mains avant de les mettre dans le panier, on en a eu les mains pleines aussi, sans pour autant avoir l'impression de les salir. Plutôt de participer à ce cycle de la vie, quand on plante une graine, qu'un fruit pousse, qu'on le cueille parce qu'il peut alors nourrir. On va laisser les mérévilles pleines de terre jusqu'au moment où on préparera la confiture. Nul besoin de les laver pour en faire des fruits présentables parce que propres. Les laisser comme ça, c'est aussi une façon de maintenir ce lien si nécessaire avec la terre. Terre, terreau, terrien, terrienne, terroir.