Au détour d’une allée sur Isola Madre, en plein milieu d’une belle pelouse, tout près d’arbres immenses, un paon blanc immaculé fait quelques pas. Un autre paon, surgissant de l’ombre, s’approche de lui. Il est tout aussi immaculé. En chuchotant, une discussion commence avec la petite fille qui nous accompagne et qui aime les promenades sur cette île car on y voit beaucoup d’animaux, pour savoir qui est le paon et qui la paonne. Quand, tout à coup, entre les pattes des grands, se laisse apercevoir un petit qui surgit lui aussi de l’ombre et se précipite vers un des paons qu’il suit pas à pas. Pas de doute, le paon suivi par le petit est la paonne. La discussion se poursuit car on a un doute : mais comment appelle-t-on déjà le petit du paon ? La petite, éblouie par le bébé paon au beau jaune mielleux, suggère qu’il doit s’agir d’un panettone puisqu’il a la couleur de cette brioche dont elle raffole. On ne lui dira pas sur l’instant qu’il s’agit d’un paonneau – on a fini par se souvenir du mot juste. Plus tard, peut-être.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 95
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Paonneau ou panettone ?
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Passer un moment avec deux jolies grenouilles.
Alors qu’il fait déjà bien chaud et qu’on a déjà bien marché, c’est bien agréable de rencontrer sur le chemin un joli bassin rond qui offre sa margelle pour un moment de repos. On s’assied donc mais de biais afin de ne pas tourner le dos au bassin, ce qui serait discourtois. On pose le sac sur le gravier. On sort la gourde afin de se désaltérer. On attrape dans la poche le carnet bleu et le crayon de bois. L’eau du bassin est à peine visible : elle a disparu sous une fine couche d’algues d’un parfait vert printemps quand ce n’est pas sous les larges feuilles des nénuphars dont les fleurs offrent au regard des corolles blanches et roses parfaites. Tout est calme est tranquille quand, tout à coup, un léger plouf se fait entendre. Mais, d’où cela vient-il ? Il est bien difficile de se repérer dans tout ce vert ! Là ! Là, oui, là, contre le bord d’une feuille, deux paires d’yeux observent ce qui se passe sur la margelle. On se tient coi en espérant que même le ruban du chapeau saura ne pas se faire remarquer en dansant dans la brise légère. Au bout d’un moment, une grenouille, car oui, c'est bien de grenouilles qu'il s'agit, bondit sur la margelle, tout près. Elle est vraiment, mais alors vraiment ravissante... Après un moment, elle replonge. Plouf ! On ne la voit plus. Plus aucune paire d’yeux à la surface de l’eau non plus. Y a-t-il conciliabule sous l'eau ? Peut-être... On continue à se tenir le plus immobile possible. Et on fait bien, car elle revient. Hop ! Et cette fois-ci, elle est accompagnée d’une comparse tout aussi curieuse et tout aussi mignonne. Hop ! C’est ainsi qu’on passe un moment sur la margelle d’un bassin avec deux grenouilles vertes, des Rainettes brillantes et dodues aux flancs palpitants. On attendra leur départ pour bouger et reprendre la promenade. Le ruban du chapeau qui s’est gentiment tenu tranquille, s’en va du cou où il était resté posé, libéré.