La lecture du Dernier journal, de Krishnamurti a été un enchantement à plusieurs égards mais ce qu’on a noté dans un premier temps, c’est que chaque jour (ou presque) commence par l’observation de la nature. Avant toute chose, Krishamurti prend le temps de regarder.
Voici un relevé.
Le 25 février 1983, un arbre près de la rivière. Le 11 mars 1983, la lumière. Le 15 mars, encore un arbre, le chêne derrière la maison. Le 17 mars, les nuages et « les collines en suspens parmi les nuages, sous les cieux ». Le lendemain, les oiseaux dans la mangeoire qui piaillent. Le 25 mars, le ciel bleu, le parfum des fleurs : « la beauté d’un pareil matin est intemporelle ». Le 18 avril, l’attente de l’aurore, les orangers, les oiseaux, les collines. Le 19 avril, la pluie. Le 20 avril, les gouttes d’eau à l’extrémité des feuilles. Le 21 avril, un écureuil. Le 22 avril, les orangers et les avocatiers, les feuilles, un « buisson couvert de roses rouges ». Le 23 avril, la verdure. Le 24 avril, les camélias, les roses, les brins d’herbe. Le 26 avril, un oiseau. Le 4 mai, la brume ; elle est fraîche. Le 6 mai, le doux parfum des fleurs d’orangers. Le 9 mai, la sauge et les insectes. Le 12 mai, le silence de l’aurore. Le 30 mai, l’herbe. Le 27 mars 1984, l’océan et sa couleur. Le 28 mars 1984, le son de l’océan. Le 30 mars 1984, « le ciel exceptionnellement bleu ».
N’est-ce pas magnifique ?
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 99
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Regarder avant de penser.
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Avoir la chance de rentrer chez soi.
Avoir la chance de savoir qu’après quelques temps de vacances, on peut rentrer chez soi. Retrouver ses petites affaires, ses meubles, ses tableaux sur les murs, ses plantes, ses chats ; ses habitudes aussi. Laver le linge grâce à une machine. Ranger les provisions rapportées et laisser sortis les présents ramenés pour la famille ou les amis, qu’on leur donnera à la première occasion.
Les hommes, jeunes, si jeunes, croisés à la frontière, désœuvrés : où est leur chez eux ?