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MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 97

  • Méréville et lecture.

    A la ferme, prendre une méréville pour faire de la confiture. Elle pèse 2,9 kg. Tailler à ce sujet une bavette avec le maraîcher. L’un met du citron, mais cette année, les citrons, ça n’a rien donné. L’autre met un peu d’orange et quelques étoiles de badiane. Puis on parle des pépins de la méréville qu’il faut enlever et cela fait partie de la préparation de la confiture, ces pépins qui glissent entre les doigts.
    Pendant ce temps, deux petites filles qui attendent avec leur papa, lisent les étiquettes à voix haute. L’aînée sait déjà lire et guide sa petite sœur qui épelle les lettres : é – c – h – a – l – o – t – e – s, échalotesse, dit-elle. Et l’aînée de la corriger en lui disant : Non, échalotes. Puis elles poursuivent leur lecture : pommes de terre, laitue, courgettes, aubergines, nectarines, poivrons. Pour les féliciter d’avoir bien lu, le maraîcher leur donne à chacune une belle pomme bien rouge dans lesquelles elles mordent en riant.

  • Sentiment d’éternité.

    Alors qu’on est sur la plage du Pont du Sel, on regarde l’horizon au-delà de la mer qui clapote dans le doux vent de cette belle journée, au-delà aussi des îles dont les lignes bleues se profilent discrètement et encore au-delà, au-delà du ciel, très loin devant.
    On se sent petit, comme souvent face à un paysage, tout comme on se sent vivant. Mais, on le sait maintenant, se sentir vivant c’est aussi savoir qu’on va mourir un jour comme tout à chacun, comme beaucoup de ceux qu’on aimait sont morts désormais. Comme celui auquel on pense à cet instant, qui aimait tant ce bout de plage.
    La veille, on avait prévu d’écouter un peu de musique en arrivant ici et on avait choisi d’amener Jessye Norman chantant l’Ave Maria. Le matin même, on avait appris qu’elle avait rejoint le grand chœur des anges. On l’écoute avec émotion. Ce n’est pas seulement sa voix qui reste vivante dans les écouteurs, c’est le don qu’elle savait faire de ce don qu’elle avait reçu et qu’elle laisse en offrande pour l’éternité. Au fur et à mesure du chant, c’est comme si tout se déployait pour prendre une belle ampleur, lumineuse et, oui, éternelle.