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LIRE / Livres du matin, du sac à main, du soir - Page 72

  • Passer la soirée en side-car avec Sylvain Tesson.


    Passer la soirée à lire Bérézina, de Sylvain Tesson qui donne un magnifique cours d’histoire en allant sur le terrain, ce qu'aurait aimé Freinet. Il dénonce aussi l’absurdité de la guerre, de toute guerre. Et il fait réfléchir, incidemment, sur ce qu’est une bataille ; sur ce pour quoi on se bat ; sur la vie, quoi. Ca sert à ça, l'Histoire.

    Réviser alors son histoire de France tout en se demandant si on pourrait un jour faire autant de kilomètres dans un side-car en plein hiver : l’épopée napoléonienne et ses batailles (se remémorer les noms, les dates, visualiser les pays, les fleuves, etc.) puis, reprendre un vieux Mallet Isaac aux cartes en couleurs qu’on finit par laisser ouvert page 314, sur une illustration intitulée justement « Passage de la Bérésina (sic)». C’est une lithographie d’Adam dont on peut lire ce commentaire : « La gravure peut donner une idée des scènes tragiques qui se déroulèrent au passage de la Bérésina. On aperçoit les deux ponts faits de madriers sur chevalets que les pontonniers du général Eblé, travaillant dans l’eau glacée, avaient réussi à construire. Le passage donna lieu à d’effroyables bousculades. On voyait, dit le comte de Ségur, « une masse profonde, large et confuse d’hommes, de chevaux, de chariots assiéger l’étroite entrée des ponts qu’elle débordait ».

  • Passer la soirée avec Mademoiselle Fa


    Passer la soirée à lire, enfin, Passagère du Silence, de Fabienne Verdier.
    Il faudra le relire, celui-là aussi.
    Son maître chinois lui parle ainsi un jour, au tout début de son apprentissage :

    « Je me fiche du sens de ce que tu calligraphies. Ca pourrait être le rayon lumineux sur le bec de ton oiseau, la brise du soir qui vient conter des histoires, le tonnerre qui cogne à ta porte. C’est l’éclat spirituel qui doit générer l’œuvre ; la pensée ne doit pas l’emporter sur le naturel de l’ensemble. Le sens du caractère est anecdotique pour l’instant. C’est l’unité qui importe. Tu as voulu traiter ta phrase en oubliant l’harmonie de la composition ; on sent le labeur ; ton travail est mort avant même d’avoir vu le jour. Pars toujours d’une intuition poétique et essaie d’exprimer la substance des choses ; tel est le principe constant. Où est la manifestation du mystère merveilleux ? Tu as laissé échapper le naturel ».
    (Ed. Albin Michel, page 106)