Apprendre que le bébé pour qui on a tricoté une couverture blanche est une petite fille – ressortir les catalogues pour regarder les modèles de robes.
Constater chaque jour la croissance de l’ipomée.
Compter, le matin, les fleurs du l’hibiscus.
Aller au grand marché de Sanary – flâner dans les allées – puis aller lire le journal en terrasse, au Sport.
Marcher jusqu’à la plage de Fabregas – au retour, croquer des pêches plates dont le jus coule jusque sur les avant-bras.
Nager.
Ecrire trois pages.
Avoir le temps de lire le journal chaque jour.
Faire une tarte abricots-myrtilles.
De bonne heure, repasser le linge – au fur et à mesure, poser les pièces bien pliées les unes sur les autres – puis les ranger dans l’armoire et la commode.
Recevoir une belle lettre.
Ecouter la Mélodie hongroise de Schubert dans plusieurs versions.
ipomée - Page 5
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Moisson.
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Des nouvelles de l'ipomée.
Le petit bout d’ipomée trouvé dans un coin de la cour, desséché et poussiéreux, a été replanté à l’entrée, au pied de la canisse blanche, dans l’espoir qu’un jour ici aussi on pourra admirer un vaste haie de fleurs bleues.
Il a tenu. Il va bien. Il pousse.
De trois feuillettes, il est passé à ….. une bonne vingtaine de feuilles. On a pu accrocher une liane à la canisse, et deux autres lianes commencent à se faufiler de part et d’autre : bientôt, on les attachera souplement elles-aussi pour guider leur pousse vers le haut. Les voisins ont été prévenus qu’à cet endroit, un dispensaire pour ipomée desséchée a été installé, le temps que ladite ipomée se fortifie. Pour bien leur faire comprendre l’importance de la chose, on leur a décrit ce qu’elle deviendra, en s’extasiant à l’avance sur les corolles et le feuillage de l’année prochaine.
Ils n’ont fait aucun commentaire : on leur avait déjà demandé l'autre jour de faire attention, au tournant de la cour vers l’escalier, au bébé gazania qui avait surgi à l’improviste.