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Bonheur du jour - Page 306

  • Un poème pour la journée. L’Albatros de Charles Baudelaire.


    Voilà aussi un poème qui compte. C’est à l’école qu’on l’a lu pour la première fois, à une époque chagrine qui a fait résonner ces vers de Baudelaire. Il évoque le poète à travers cet albatros mais quiconque se sent incompris et mal à l’aise dans son monde peut s’identifier à l’oiseau. Grâce à ce poème, si on savait déjà que le monde pouvait être cruel, on a appris que la poésie permet de le dire et de ne pas garder en soi ses douleurs.
    Et aussi, mais ça c’est bien longtemps après qu’on l’a compris, que là où on est, quand on est empêtré par « des avirons » à traîner, qu’il suffit d’arriver à les prendre pour se relever, marcher pour certains, voler pour d’autres, laissant derrière soi ces « hommes d’équipage ».
    Qui n’en a pas connu, de ces « hommes d’équipage », ces groupes de gens qui font bloc, qui prennent tant de plaisir à ricaner et à se moquer de la faiblesse d’autrui… Ils sont si violents, si méchants, ils semblent si forts et si certains de nous couper les ailes ! Mais n’est-ce pas qu’ils sont envieux de cette belle proie à laquelle, en fait, ils aimeraient tant ressembler ? N’est-ce pas eux, en fait, qui ont peur de se mettre à marcher ou à voler ou à être libre ?
    Ah ! Baudelaire ! Comme on ne cessera jamais de te remercier pour cet Albatros sauveur découvert, un après-midi morne, dans un livre qui tout à coup s’ouvrit sur un ciel infini !

    L’Albatros.

    Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
    Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
    Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
    Le navire glissant sur les gouffres amers.

    A peine les ont-ils déposés sur les planches,
    Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
    Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
    Comme des avirons traîner à côté d’eux.

    Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
    Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
    L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
    L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

    Le Poète est semblable au prince des nuées
    Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
    Exilé sur le sol au milieu des huées,
    Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

    Charles Baudelaire.



  • La question du lundi. Personne n'est ce qu'il est sans l'autre.

    Dans son édition du mardi 18 mai 2021, La Croix a publié une interview d’Axel Kahn. Gravement malade d’un cancer, il parle sans tabou de la mort tout autant que de la vie. Parmi toutes les belles réponses qu’il donne aux questions, on en a extrait une pour cette question du lundi. Elle a pour sujet la transmission. « A mes enfants, je veux faire comprendre que personne n’est ce qu’il est sans l’autre. Sans possibilité de donner et de recevoir, personne n’existe. Que la mort soit proche ou lointaine, c’est la clé, fondamentale. »

    Il y a quelque chose de profondément humble dans les propos d’Axel Kahn. On ne pouvait qu’en être touché car on le croit fermement, cela, que « personne n’est ce qu’il est sans l’autre. » Regardez ce blog : que serait-il sans vous…

    D’où la question de ce lundi : Que pensez-vous de ce que dit Axel Kahn ?