A la bibliothèque, récupérer les livres réservés sur l’œuvre peint de Vuillard. Cela fait déjà quelque temps qu’on recherche ce tableau où une jeune femme, avec un corsage bleu, lit. On voudrait le revoir.
On emporte le précieux paquetage et, sur le banc, juste dehors, on feuillette les ouvrages. On retrouve le tableau dans un ouvrage publié par Flammarion, Les maîtres de la peinture. C'est formidable, les bibliothèques !
Il est là, page 32. C’est bien cela. Il est familier, ce tableau, mais on n’a pourtant pas le souvenir de l’avoir jamais vu en vrai, dans un musée. Elle est familière, cette jeune femme courbée sur son livre, un gros livre avec des images, qu’elle a plié pour pouvoir le tenir d’une main. L’autre main est posée, paume ouverte, sur le haut de ses cuisses. Elle a croisé ses jambes. Elle porte un corsage bleu ciel et une jupe assortie qui se confond, elle, avec le tissu du fauteuil, du genre crapaud. La porte est fermée derrière elle. Tout est si calme. Elle semble si concentrée sur sa lecture : rien ne la fera bouger sans doute, et surtout pas la lumière du jour qui, on n’en doute pas, déclinera jusqu’au moment où il lui faudra quand même penser à allumer une lampe. Mais elle aura fini son livre, peut-être, et se lèvera en s’étirant.
C’est incroyable que dans un format si petit, 35 x 25 cm, un peintre puisse rendre toute cette intensité. On aime vraiment Vuillard. Sur le livre, il est marqué : « collection particulière ». Il faut souhaiter que ce tableau soit chez des gens qui aiment lire.
Bonheur du jour - Page 947
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Le tableau du jour : La liseuse, de Vuillard.
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Ce qui dure si peu mais qui est éternel.
Ils et elles sont là chaque année. Ils, les arbres fruitiers. Elles, leurs fleurs miraculeuses, blanches ou roses, c’est selon. Ils et elles parsèment le chemin qu’on prend, quel que soit ce chemin, à chaque printemps. Hommage à ce mois de février d’il y a si longtemps quand, dans un terrain en restanque s’étirant jusqu’à la mer, un amandier avait offert sa blancheur au regard et avait décidé qu’il était bon de vivre ici. Dans quelques temps, ils et elles ne seront plus là, du moins on ne les verra plus ; resteront les ciels changeants, la mer changeante, le vent toujours, les pins et les oliviers, les pierres sèches. Mais ils ou elles, on sait qu’éternellement ils reviendront : près de La Cadière, ou au pied du Castellet, ou vers la chapelle Ste Trinide, ou vers le Lançon, ou sur les flancs du Faron, ou dans les collines de Tamaris, on ira sur un chemin couper une branche, une petite, fleurie rose ou blanche avec encore quelques boutons pour la ramener tel un trésor fabuleux dans la maison du vent.