Après dîner, on part faire un petit tour dans le quartier, jusqu’à la baie et retour. Le soir d’été lutte encore un peu avant de laisser sa place à la fin du jour mais on a bien compris qu’il en sera ainsi maintenant : il partira de plus en plus tôt car c’en est bien fini de l’été plus fort que tout. En haut de la côte, déjà on aperçoit la mer. Et quelques bateaux posés pour la nuit. Il n’y a même pas de clapotis sur la berge car les navettes aussi sont rentrées. On s’assied un instant sur le muret dont la pierre est tiède. Au retour, on fait des pauses à chaque figuier respirer leur parfum tantôt âcre tantôt sirupeux et on joue à poser pour la mesurer la main sur quelques feuilles. C’est le figuier qui gagne à ce jeu-là. Après avoir tourné au carrefour, ce n’est plus le même parfum qui règne. C’est celui des belles-de-nuit. Il est frais, et même lumineux comme le jaune des fleurs en corolle. On peut récolter trois ou quatre graines. On les pose le long du mur de la maison, au cas où.
belle-de-nuit
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La promenade du soir.
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Un point sur les fleurs.
En ce début d’été, il est temps de faire un point sur les fleurs.
Les bougainvillées. En pleine floraison. Les violets sont les plus répandus et les plus envahissants : rustiques, ils sont robustes. Ceux-là ne se contentent pas seulement de franchir les haies, il arrive qu’ils recouvrent quasiment des façades entières. Et c’est beau. Vraiment beau. Leurs fleurs sont froissées et rappellent le papier crépon qu’on prenait, jadis, pour les guirlandes des jours de fête.
Les agapanthes. Elles ont surgi de nulle part en quelques jours. Blanches ou mauve pâle, elles sont très gracieuses. Quand il y a du vent, elles gigotent gentiment d’un air étonné.
Les plumbagos. Leurs fleurs bleu ciel sont apparues quand les cigales ont commencé à chanter. Est-ce une coïncidence ? Ou bien n’avait-on jamais remarqué ce tempo ? Eux aussi prennent position sur les haies et sont incontournables. Pourtant, tout cet hiver, ils avaient disparu.
Les lantanas. Les jaunes sont ici les plus répandus. Du rouge peut border quelques grappes de fleurs toutefois. Ce sont des bouquets paisibles au feuillage vert sage qui balisent un escalier ou une calade.
Les solanums. Ils font jaillir leurs fleurs bleues comme une fontaine l’eau.
Les laurier-rose. Ils sont survoltés. Partout, ils vont partout. Peu importe à certains qu’on les désigne sous cette appellation, laurier-rose : ils font éclater des fleurs rouges, jaunes, blanches, qui rappellent les moulins à vent multicolores que les enfants, jadis, tenaient à la main, sur la plage.
Les lavandes. Belles touffes arrondies. Les fleurs, au sommet de la tige, sont encore fraîches : quand on les frotte du bout des doigts, le parfum se répand, certes, mais la fleur ne s’égrène pas encore pour qu’on puisse la mettre en sachet.
Les belles-de-nuit. Elles sont là aussi. Quelques buissons blancs. Mais surtout des jaunes et des rose foncé, quasi fuschia. Elles n’ont pas encore bu suffisamment de chaleur pour que leur parfum flotte à la tombée du jour. Bientôt. Et avec elles, tant de souvenirs de nuits d’été.