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frédéric lodeon

  • Moisson.

    Commencer la distribution des pots de confiture en rappelant qu’il faut rendre les pots vides. En effet, on est en panne de pots vides. C’est pourquoi on passe chez une vieille amie pour lui en demander ; on la suit dans sa réserve où s’alignent des pots de confitures de fraise, d’abricot, de melon, de gelée de pommes ou de coings destinés à ses enfants et petits-enfants ; une étagère est vide : tous les pots viennent de partir pour le Téléthon ; en bas, les pots vides parmi lesquels on peut choisir.
    Racheter Feuilles d’herbes, de Walt Whitman.
    Dans une salle d’attente, poursuivre la lecture des dernières aventures de Nicolas Le Floch, Le prince de Cochinchine, et entamer la conversation avec une dame elle aussi passionnée par cette série historique et policière.
    Brosser les chats.
    Ecouter le joyeux Frédéric Lodéon, invité de l’émission Musique Emoi d’Elsa Boublil sur France Musiques. Il cite Charles Munch (Il faut vivre comme si on allait mourir demain mais travailler comme si on allait vivre toujours), qui en fait citait Gandhi : Vis comme si tu devais mourir demain…. Apprends comme si tu devais vivre toujours.
    Faire un gâteau parfumé à la fleur d'oranger pour des amis précieux.





  • Nessum dorma.

    Depuis bien longtemps on a compris que ce qui compte, dans la suite des jours noirs, gris, bleus, ou blancs, c’est qu’il y ait du sens. Puisqu’on y donne sens, on a des cadeaux quotidiens dont on parle ici en espérant que la chaleur reçue soit perçue par d’autres qui la rechercheraient pour qu’ils puissent s’en couvrir un instant, même légèrement, mais un peu malgré tout.
    Ainsi de Nessum dorma, ce fameux air de Turandot qui est venu l’autre après-midi se faire entendre.
    Quelqu’un qu’on a perdu avait demandé, peu de temps avant de sombrer dans l’inconscience, à écouter de nouveau ce morceau célébrissime, chanté, bien sûr, par Pavarotti. On avait fait cela et, ensemble, on avait vibré, on avait été ému.
    On ne l’avait plus écouté depuis. Et l’avait-on vraiment entendu, cet air ? Car cette fois-ci, les paroles furent précises :

    Et mon baiser brisera le silence
    Dissipe-toi, ô nuit, dispersez-vous étoiles
    A l’aube je vaincrai
    Et nous devrons hélas mourir, mourir

    Tout était lié : les paroles, la musique, la voix. Cela avait tant de sens, pour celle qui allait partir.
    Et, en cette fin d’après-midi où Turandot est arrivée, comme ça, alors qu'on ne l'avait plus écoutée depuis plusieurs années, alors que la fatigue faisait parfois fléchir, on a pu regarder ce moment douloureux du passé avec une grande paix car il y avait du sens à tout cela. Et on a pu redire encore : merci. Et on a puisé de la force. Et on voudrait ce jour transmettre de la chaleur.