« Je cherche en tâtonnant à attraper dans le vide le fil blanc invisible du merveilleux qui vibre et duquel s’échappent les faits et les rêves avec le bruit d’un ruisseau sur des petits cailloux. »
J’ai relevé cette citation de Giacometti lors de la captivante exposition qui lui est consacrée au musée Cantini de Marseille,
émue par ce « bruit d’un ruisseau sur des petits cailloux »
que j’entends même quand je suis loin de lui
car cette légèreté de l’eau vive me porte.
Je crois bien que j’aurais aimé être un ruisseau.
l'eau vive
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Ruisseau
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La question du lundi. Routo.
On est en train de lire avec un immense plaisir Ma transhumance, Carnets de routo, d’Antoine de Baeque. Il s’agit d’un carnet de marche : l’auteur a refait la routo, la route de la transhumance d’Arles à Vinabio, marchant parfois ou avec les troupeaux et leurs bergers. Mais marchant. En exergue, une phrase de Giono, abondamment cité dans l’ouvrage : « Ne cherche pas, va ; va devant toi, marche, tout ça c’est sur la route » (1). Plus de 400 km.
On en parlait dimanche autour d’une table amie et la conversation a tourné autour de la marche. Il y avait là de grands randonneurs qui feraient le routo sans difficulté ; des marcheurs accomplis mais qui désormais évitent les fortes dénivellations et préfèrent les petites balades. Et de ces nouveaux marcheurs qui ont appris durant le confinement à aller chercher le pain à pied, par exemple, parce que cela les faisait sortir, puis qui ont fait le tour de leur quartier. Un petit tour, deux petits tours, et maintenant souvent des petits tours, de plus en plus de grands tours.
D’où la question du lundi : depuis le confinement, habitués de la marche ou pas, marchez-vous plus qu’avant ?
(1) Jean Giono, L’eau vive, Gallimard, 1943, in Antoine de Baeque, Ma transhumance, Carnets de routo, Arthaud, 2019.