Il n’y a certainement pas de hasard dans la vie. Ainsi, ces derniers jours. On a accompagné jusqu’à sa dernière demeure un taiseux. Même là sa volonté était qu’il y ait le moins de mots possibles.
Et puis on est allé à la messe et on a entendu un texte de l’Evangile dans lequel Jésus parle avec une femme, la Samaritaine. Elle-même va parler à d’autres personnes. Qui reviennent parler avec Jésus. Qui leur parle. Chacun s'écoute. Les paroles des uns enrichissent celles des autres. Que l’on croit ou pas à ces paroles, elles sont échange, elles sont dialogue. Tous ces gens ne bavardent pas de la pluie ou du beau temps : les barrières sont franchies car il s’agit de parler de la vie et de la mort.
C’était beau cette coïncidence d’avoir le même jour enterré un taiseux et lu un texte dans lequel des gens se parlent et ainsi se connaissent, et se reconnaissent.
Et vous, aujourd’hui lundi, demain mardi, et les jours suivants aussi peut-être, avec qui allez-vous entamer un dialogue ?
- Page 5
-
-
Jasmin.
En allant aux courses, faire un détour par la rue qui longe la bibliothèque du Clos St Louis : on sait y trouver du jasmin, mais on ne sait pas s’il a déjà fleuri dans cette deuxième partie du mois de mars.
Dès le virage, on l’aperçoit. Fleuri. L’ensemble reste sombre, de cette teinte lie-de-vin qui précède la floraison, mais ça et là de petites fleurs à corolles blanches ont déjà pointé vers le jour.
On presse le pas. On arrive juste devant. Des deux mains, on approche le jasmin du visage pour en respirer le parfum. Qui n’a pas senti le parfum du jasmin ne sait peut-être pas encore ce que peut être la douceur de vivre.
On coupe deux branchettes le plus délicatement possible. Elles flottent ensuite au rythme des pas qui ramènent à la maison.
Dans le petit vase dédiée au jasmin au Printemps, on les installe avec précaution pour ne pas froisser les fleurs et brusquer le parfum délicieux. Les tiges souples regardent tout autour d’elles : on les a posées sur le bureau, au milieu des livres. On s’émerveillera tout au long du jour, durant la nuit aussi, et au matin encore plus, de ce que deux branchettes de jasmin embaument toute la maison qui n’a quasiment pas de portes.