La maraîchère, au fur et à mesure qu’elle pèse les légumes écrit à la craie blanche, dans un des plateaux en métal de la balance, le montant à payer, puis elle fait le total en comptant de tête. Une fois l’achat réglé, elle efface avec un chiffon puis elle recommence.
La libraire à qui on s’adresse parce qu’on cherche un livre dont on lui parle vaguement, c’est l’histoire de femmes, au Japon ; elle réfléchit un instant et propose le livre de Julie Otsuko, Certaines n’avaient jamais vu la mer. C’est ça. Puis, en se promenant dans les rayons de sa librairie, se met à énumérer tout un tas de livres qui pourraient nous intéresser.
La vendeuse de vêtements d’occasion, sur le marché, dont le mètre pend autour du cou. On ne peut pas essayer mais quand elle dit que la robe ou le pantalon nous ira, elle a toujours raison ; elle mesure le vêtement puis le corps avec son mètre et elle dit : « ça ira, vous verrez. »
Une amie qui cite de mémoire une phrase du monologue de Lucky, dans En attendant Godot, de Beckett.
Un Papa qui fabrique un livret de chansons pour que ses deux enfants chantent avec lui pendant le trajet en voiture.
Une famille-tribu qui joue aux petits chevaux à la lueur des bougies pendant l’orage.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 119
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Sans piles.
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Du minimalisme : la bassine.
Prenant conscience du gaspillage des ressources, quelles qu’elles soient, nombreux sont ceux et celles qui souhaitent modifier les choses et cesser d’être entraîné dans la suite sans fin de la société de consommation. Le minimalisme illustre cette prise de conscience, et c’est très bien. En lisant ici ou là les conseils judicieux donnés à ce sujet, il arrive qu’en fait on retrouve les façons de vivre d’antan quand économiser était une priorité et qu’on avait peu à sa disposition. Il est assez rare qu’on évoque la bassine, et ses bienfaits pour ne pas gaspiller l’eau. On s’est donc demandé si cet objet participait du minimalisme d’aujourd’hui.
Les anciens vivaient au minimum. L’eau courante est arrivée parfois tard dans les foyers, merveilleuse facilité qui permettait, enfin, de ne plus aller chercher l’eau dans la cour par tous les temps. Ce robinet n’empêchait pas de voir la réalité : l’eau était précieuse ; et elle avait un coût. Elle était utilisée avec parcimonie. La bassine était là pour cela.
Dans l’évier, on y récupérait l’eau de nettoyage des légumes ; dans la douche ou dans la baignoire, l’eau qui n’était pas encore à la bonne température (à partir du moment où on a pris l’habitude de prendre une douche chaque jour….). Cette eau était considérée comme tout à fait utilisable pour arroser les plantes, ou pour une chasse d’eau, ou pour laver le sol, une fois additionnée de savon noir. Dans l’évier encore, elle était remplie d’eau savonneuse pour laver la vaisselle (mais qui donc aurait eu l’idée de laisser couler l’eau pour laver trois bols et quatre assiettes ?) ; dans ce cas, elle était souvent accompagnée de sa sœur jumelle, l’autre bassine, remplie d’eau froide qui permettait de rincer. Cette deuxième bassine recevait avant son usage pour la vaisselle, les épluchures de légumes (pas de papier ou de sac plastique à l’horizon) qu’on allait vider dans le compost. Le soir, on y laissait tremper le petit linge.
Tous les modèles étaient possibles : le zinc émaillé eut longtemps le monopole, puis le plastique fit son apparition proposant des bassines carrées, bleues, rouges, …
On peut donc en conclure que la bassine fait partie des objets qu’on peut conserver quand on décide d’être minimaliste. Seulement voilà : peut-on, sans enfreindre les règles de cette tendance, avoir deux bassines ? La question peut se poser car ici, et il est possible qu’ailleurs aussi, il y en a deux : une pour la salle de bain et une pour la cuisine, car figurez-vous, nous y reviendrons un autre jour, qu’un achat ne peut se faire à la légère, même celui d’une bassine qui se doit d’être solide et de durer, ce qui permettra de la transmettre.
On évoquera d’autres objets qui nous semblent tendance : le seau, le rond de serviette, le sac à pain, …