Aux puces de la Seyne sur mer, trouver une vieille grosse boîte en plastique poussiéreuse remplie de perles de buis. Sans aucun doute, un rideau qui fut cassé et dont on a récupéré les perles. On les touche du bout des doigts, on les fait rouler un peu, pour se confirmer qu’elles sont bien en buis. Elles sont anciennes. Certaines plus foncées que d’autres ; cuites, peut-être par un soleil d’antan. On se demande s’il y a assez de perles pour faire un rideau de porte pour l’été prochain.
Parce que c’est l’usage, on discute très rapidement le prix et on repart avec la boîte sous le bras.
A la maison, on les lave de cette poussière qui se compte en années. Encore humides, on les étale sur une nappe pour qu’elles finissent de sécher. Les chats, curieux et joueurs, profitent de l’occasion pour, d’un coup de patte ou deux, faire rouler les billes et les envoyer finir leur course sur le carrelage. On les leur laisse ; il est toujours bon de partager avec les chats.
Quand les perles sont sèches, on les met en attendant dans un grand saladier – celui du potier qu’on avait rencontré à Carcès il y a plus de trente ans. Sans qu’on s’en rende compte, on prend l’habitude d’y plonger la main à chaque fois qu’on passe.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 207
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Perles de buis.
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Moisson.
Commencer la récolte des graines de Belles-de-nuit qu’on s’est bien promis de planter cet hiver dans la nouvelle cour.
Ecouter de la musique le soir, plutôt que de regarder la télévision : la Missa Criolla, le concerto n°1 et concerto n°2 de Chopin, du Ravel et, bien sûr, du Mozart.
Marcher en début d’après-midi, dans les rues ombragées de Sanary, en attendant l’heure d’ouverture de la Médiathèque.
Cirer une première chaise Thonet. Puis avoir le courage de cirer la deuxième.
Faire établir sa carte de transport maritime.
Bien avancer la couverture en laine pour bébé, au point de riz.
Aller travailler tous les jours pour avoir la joie de rentrer à la maison le soir.
Faire admirer à tous ceux qui le veulent bien le nouveau toit.
Avancer dans la biographie de Charlotte Delbô, qu’on lit doucement.
Recevoir une lettre, la lire et la poser sur le bureau en se disant : samedi, je réponds.