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SE SOUVENIR / L'antan - Page 11

  • Son écriture et sa voix.

    Après le dîner, il s’agit de monter dans le bureau à la recherche de la recette de la marmelade d’oranges car, en fin de semaine, on aura en cadeau des oranges amères. Beaucoup.
    Sonates de Mozart : 14, 15, 16.
    Dans la grande boîte où on range les recettes, on farfouille. On accède enfin au livre de cuisine familiale d’une époque où le beurre semblait être la base de toute recette.
    Le livre est d’un format assez petit. Il ne se ferme plus : trop de rajouts de pages de magazines déchirées, de bouts de papiers tâchés, de marque-pages. Dans la partie « Confitures et marmelades », on le sait là, ce bout de papier-là sur lequel elle a écrit comment faire la marmelade d’oranges. Au stylo bille bleu. Avec des lignes qui montent un peu. Des tirets. Des mots soulignés : «attendre 24 heures », « le lendemain seulement ». On lit la recette dans sa tête et c’est comme une belle histoire car on entend sa voix. On l’entend encore !


  • L’antan : manger à heures fixes.

    On ne chômait pas, à la maison. On était une famille nombreuse, les parents travaillaient, parfois de nuit, parfois de jour ; les enfants allaient à l’école, ou au collège, ou au lycée. La maison était impeccable. Rien ne traînait. Les vitres étaient immaculées. Et on mangeait toujours à l’heure.
    L’heure, c’était midi pour le déjeuner, et 19 H pour le diner. « C’est l’heure, à table ! ». Sinon, aïe aïe aïe. Le dimanche, on pouvait s’autoriser à attendre jusqu’à 12H30, et on traînait pour prendre le café en sortant les petites tasses en porcelaine. Mais on faisait, vite fait bien fait, la vaisselle, à la main, et la cuisine était impeccablement rangée dès le début de l’après-midi.
    Jamais on n’a entendu une phrase du genre : « Oh la la, déjà 13H, et on n’a pas encore mangé. Mais qu’est-ce que je vais leur préparer ? »
    Le respect des horaires pour les repas étaient tels qu’on en a gardé quasiment l’habitude tellement la contrainte était forte. On a le souvenir d’un soir où, dans un moment rarissime d’égarement on avait quelques jours auparavant invité des gens à dîner et, ne les voyant pas à 20H30, on était passé à table, pensant qu’ils ne viendraient plus. Bien sûr ils étaient arrivés, et nous avaient trouvé en train de déguster l’entrée.
    Non, l’heure, c’était l’heure. Et on pensait que pour tout le monde, c’était pareil.