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SE SOUVENIR / L'antan - Page 5

  • Oignon piqué de clous de girofle.

    Mettre la soupe à cuire est un rituel apaisant, hiver comme été. On a coupé les oignons, les carottes, les pommes de terre, le poireau et le bouquet de coriandre. Il reste un oignon dans le saladier, un peu seul désormais. On est en train de lui promettre de rapporter au plus vite d’autres congénères afin qu’il soit en bonne compagnie quand on se souvient qu’antan, on mettait un oignon piqué de clous de girofle dans la soupe familiale.
    Ni une ni deux, on ouvre le placard et on farfouille dans les épices car il doit bien rester quelques clous après que cet hiver on en ait piqué des oranges pour parfumer la maison. Oui, là, dans la petite boîte ronde.
    On pèle l’oignon solitaire. On le pique d’une demi-douzaine de clous. On le pose sur la soupe. On referme le couvercle.
    On se rappelle une leçon de cuisine : penser à le mettre de côté quand on mixera les légumes car les clous y passeraient aussi, et cela serait trop fort.
    Et alors le goût de cet oignon confit posé tout brûlant sur une petite assiette et dont on se partageait les lamelles, revient en bouche.

  • Les cyclamens.

    On s’est posé la question de savoir depuis quand on voit des petits cyclamens, tout mini, qu’on peut mettre à plusieurs dans une jardinière. De tout temps à jamais, jusqu’à il y a peu, donc, on n’avait de cyclamens que des plantes d’une taille respectable afin de pouvoir les poser au centre de la table, une fois les couverts débarrassés, la nappe secouée et pliée, et le napperon en dentelle remis. De même, les pots étaient en terre, tous de ce brun rouge qui pouvait laisser sur le bout des doigts une légère poussière. D’ailleurs, elle qui aima les cyclamens jusqu’au bout, rempota elle-même le plus longtemps possible tous ceux qui arrivèrent chez elle en pot de plastique. Puis elle demanda qu’on le fasse pour elle ; elle expliquait que le cyclamen a besoin d’eau et que dans le plastique, il est vite en manque d’humidité. Et oui, même les plantes il fallait les faire durer, comme on le faisait pour un vêtement ou un objet – quant aux meubles, n’en parlons pas, quand on en avait un, on le gardait pour toujours. Toutefois, elle se fit très bien aux petits cyclamens et cela lui faisait plaisir d’en avoir un dès qu’ils apparaissaient sur les étals des fleuristes. Mais il fut un autre point sur lequel elle ne changea pas : la couleur. Rien ne valait les cyclamens roses. Elle en eut des blancs magnifiques, des rouges somptueux, des fuchsias intenses. La remarque : « Ah, celui-là, il est vraiment beau », qui accompagnait l’arrivée d’un rose tendre dans sa cuisine, montrait que dans l’échelle des cyclamens, c’était bien celui-ci qui avait le prix d’excellence.
    On a gardé le dernier qu’elle eut tout près d’elle. L’an dernier, il fit au jour dit une seule fleur, rose comme l’était ses joues qu’on aimait embrasser. Cette année, il est là encore mais la fleur est en bouton. Elle prend son temps. Sans doute n’aime-t-elle pas, finalement, les anniversaires et montre-elle ainsi qu’elle fait comme elle veut, quand elle veut, si elle veut. Ah ! cette liberté….