Contempler :
le ciel, un matin.
Plein de nuages roses tout près les uns des autres
On dirait qu’ils sont un sol de sable à l’aube
On dirait que la mer est le ciel
On aurait la tête à l’envers, alors ?
Puis, peu à peu, les nuages empressés les uns contre les autres
Comme s’ils s’aimaient très fort ?
Comme s’ils ne pouvaient être nuages qu’ainsi, si près de l’un, si près de l’autre ?
Lancent leurs proues effilées vers l’horizon
Ainsi, ils rompent en douceur un amour qui n’est plus
On dirait qu’ils désaiment ce ciel-là
Qu’ils vont voir ailleurs, tout là-bas derrière, où le monde, s’il n’est guère différent est dans un premier temps nouveau
Tout nouveau tout beau
Mais on dirait qu’ils reviendront demain ?
Le rose a laissé la place à l’orange
Puis c’est le bleu qui se met à pousser lui aussi d’autres nuages
Que de nuages, alors !
On dirait qu’ils défilent !
Les gris foncé qui ont franchi la barrière du Coudon pour survoler la belle Rade
On dirait qu’ils poursuivent les autres !
Le ciel est maintenant de ce bleu neuf du premier matin du monde
Il a fait fi des nuages
Il est alors le ciel d’été
Bleu azur.
CONTEMPLER / Pages du ciel - Page 3
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Le ciel fait fi des nuages.
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Les traces de lumière.
Dans le ciel de la fin de la nuit, la lune brille intensément. Tout près d’elle, des nuages. Ils l’entourent. C’est certain qu’ils trouvent là une lumière comme celle du jour dont ils se languissent maintenant qu’elle ne va plus tarder.
Comment dire ce qu’on croit ? Qu’au fil du temps la nuit est plus courte. Pas seulement à cause de la belle saison que le printemps va prochainement s’affairer de préparer mais parce que si on vit comme il se doit, c’est-à-dire en suivant son propre pas, on n’a plus de nuit, sauf si on persiste à la porter en soi-même par peur de lui tourner le dos.
Soyons comme ces nuages blancs, tout près de la lumière. On vous dira : mais c’est la nuit ! mais on a mal ! mais on est seul ! On répondra : mais ces nuages, là, ne l’ont-ils pas trouvée, la lumière, dans cette immensité du ciel, cette nuit ? Nous-même, dans l’immensité de notre moi, nous les avons, ces traces claires. Cherchons-les.