Hier matin, on aurait vraiment pu dire que l’aube était en train de naître car elle avait revêtu les couleurs qu’on dédie aux naissances : blanc cotonneux, rose et bleu layettes et un peu de ce jaune qu’aimait tant le peintre Turner. Le jour pointait par vaguelettes entre les bordures colorées de nuages en forme de pompons bien alignés. C’était l’heure ; il fallait bien se réveiller ! Alors tout ce petit monde, en prenant tout son temps, s’étira, s’ébroua : les nuages peu à peu s’effilochèrent et partirent à petits pas de l’autre côté de la colline au cas où il y resterait encore un peu d’aube à décorer et le ciel bleu, prenant sa place du jour, s’installa en attendant le soleil lumineux. Celui-ci ne tarda pas à sortir de son bain de mer, là-bas, au bout de l’horizon. Il était jaune. Matisse disait qu’on n’avait jamais assez de jaune.
CONTEMPLER / Pages du ciel - Page 4
-
Ciel, aube, rose et bleu layettes, Turner, Matisse.
-
Le lever du ciel.
Le ciel, on le sait bien, est vaste et loin.
Mais si on le regarde juste au moment où l’aube va pointer de derrière l’horizon, il est tout proche, comme s’il s’était couché sur la terre tout au long de la nuit et qu’il se réveille à peine.
A cette première lueur rose, il s’ébroue et s’élance alors vers son infini.
C’est un beau moment que celui-ci, le lever du ciel.
Une fraction de seconde miraculeuse après laquelle tout est en place : le ciel, la terre, et la fine horizon qui les unit.