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LIRE / Livres du matin, du sac à main, du soir - Page 35

  • Sur le bureau de Patti Smith.

    Glaneurs de rêves est un des livres emmenés pour passer la journée. Beaucoup de délicatesse dans ces pages douces et quelques illustrations qu’on a bien le temps de regarder en laissant ensuite l’esprit vagabonder.
    On s’arrête sur la description du dessus du bureau de l’auteur, Patti Smith car on aime voir les bureaux des écrivains, comme on aime d’ailleurs aussi lire leurs correspondances :

    « Au-dessus de mon bureau est accroché un portrait de petite taille – du XV° siècle flamand. Il ne manque jamais, quand j’y pose les yeux, de me faire sursauter, sursaut suivi d’une étrange bouffée de chaleur, d’une reconnaissance. Peut-être est-ce la sérénité de l’expression, ou peut-être sa coiffe – un tissu fragile qui encadre le visage comme les ailes d’un énorme phalène diaphane. »

    On reconnait ce portrait, familier des livres de peintures flamandes, même si sur l’instant on ne peut nommer son auteur. C'est une jeune femme ; sa taille est fermée par une large ceinture ; les cheveux sont sous une coiffe recouverte de gaze blanche, soigneusement fixée par des épingles dorées qui créent aussi des plis délicats. Ses mains sont jointes, l’une sur l’autre, une bague pour chacune et les doigts se crispent ; elle ne semble pourtant pas avoir froid ; plutôt réfléchir. Elle a encore les yeux baissés mais on peut imaginer qu’elle est prête, une fois sa décision prise, à s’élancer d’un pas léger qui fera voleter les pans de sa coiffe blanche.
    C’est peut-être à cette reconnaissance-là que Patti Smith fait allusion : quand une femme est songeuse, avant d’agir.
    Et, comme maintenant on peut en plus d’un petit livre en papier emporter avec soi aussi des bibliothèques, on peut retrouver l’identité du tableau : c’est un portrait de femme, de Rogier Van Der Weyden, qui date de 1460. On se souvenait du rouge de la ceinture, du noir du vêtement, du rosé de la peau.

  • « Que la vie rejaillisse en toi… »

    Passer la soirée à se promener dans la correspondance d’Albert Camus et de Maria Casarès. Rencontre avec deux êtres si lumineux, si libres, et si féconds, qu’on les laissera sans doute pour toujours posés sur l’horizon, en ligne de mire.
    L’élan vital de chacun s’est ajouté à celui de l’autre en une addition magique. « Que la vie rejaillisse en toi pendant toute l’année », lui souhaite-t-il dans sa dernière lettre du 30 décembre 1959 où il lui donne rendez-vous pour le mardi suivant ; « Je plie ton imperméable dans l’enveloppe et j’y joins tous les soleils du cœur. (…) Je suis si content de te revoir que je ris en t’écrivant. » On l’imagine, elle, ouvrant fébrilement la lettre et riant aussi en la lisant. Mais aucun peintre n’a saisi ce moment.