Philippe Jaccottet, dans Autres journées, rappelle que la fétuque est parmi les plus fines graminées.
Les graminées, on en voit partout. Mais les regarde-t-on ? Les connait-on ? Les aime-t-on ?
Déjà, on a habitué son œil à la mélique penchée. La ligne de Philippe Jaccottet sur la fétuque la rend encore plus attachante. C’est pourquoi, après avoir marqué la page, aller sur des chemins qu’on connait pour en proposer à foison s'impose.
De tout temps à jamais, on a connu la fétuque. Dans l’insouciance de l’enfance, on attrapait les tiges en passant et on tirait sur la tige pour en retirer toutes les inflorescences, qu’on jetait négligemment ensuite. Ou on les cueillait, et on les mâchouillait.
En partant sur les chemins de la botanique, voilà qu’on découvre qu’il n’y a pas qu’une fétuque, mais plusieurs : la bleue, la glauque, l’élevée, la rouge et, ouf, celle qu’on a toujours connue : la fétuque des prés.
Les mots vont s’aligner sur le petit carnet, et la recette sera riche : sétacée, scabre, glume, glumelle, mutique, scarieuse, mucronée, talle, … Oh, quelle jubilation de consulter les dictionnaires, d’aller et venir dans des livres ou sur des sites de botanique !
La fétuque glauque fait naître un questionnement : comment cette si jolie graminée légère, associée au printemps, à l’été, aux talus des sentiers champêtres, peut-elle être glauque ? En fait, glauque, cela veut dire bleu. Ou vert. Enfin, vert-bleu. Ou bleu-vert. En grec, glaukos signifie « vert-bleu », comme l’indique le Dictionnaire étymologique du français, Les usuels du Robert, nouvelle édition de 1991. Le Dictionnaire du français primordial, Le Robert, édition 1971, (utilisé en son temps par un petit garçon devenu grand mais dont le prénom est toujours écrit d’une écriture enfantine sur la première page) précise : « Glauque : d’un vert qui rappelle l’eau de mer. V. Verdâtre. Lumière glauque. » Une lumière glauque, c’est triste. Et la fétuque ne l’est pas.
Quand le bleu devient-il vert ? quand le vert devient-il bleu ?
Vert verdâtre, donc, ou glauque. Mais aussi pâle, clair, foncé, printemps, menthe, émeraude, Véronèse, bouteille, jade, tilleul, céladon, pré, épinard, pomme, pistache, et même gris. D’ailleurs, le gris-bleu…..
Bonheur du jour - Page 642
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Gourmandise de mots : la fétuque.
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Noms d’oiseaux.
Lire s’accompagne souvent du geste de l’écriture : souligner un mot, tracer une astérisque en haut d’une page, voire prendre des notes et faire une « fiche de lecture » (pour ceux qui sont les plus sérieux, s’entend). En lisant le beau roman de Yôko Ogawa, Petits oiseaux, c’était bien agréable de relever les noms d’oiseaux rencontrés au fil des pages :
L’alouette
La bantam (une poule)
Le bengali
Le bruant
Le bulbul (sans précision s’il s’agit du bulbul des jardins ou à ventre rouge ou noir)
Le canari, le canari citron, le canari roller
Le corbeau
Le diamant, le diamant de Gould
La fauvette à tête noire
Le gobe-mouche lapis-lazuli
La grive
La grue
Le jaseur
La mésange, la mésange boréale, la mésange charbonnière, la mésange des montagnes
Le moineau (ou le pierrot), le moineau de Java, le moineau de Java cannelle, le moineau de Java cerisier
L’oie sauvage
Le paon
Le perroquet
La perruche calopsitte, la perruche d’Australie, la perruche lapis-lazuli, la perruche ondulée
Le pic (pas précisé si épeiche ou vert)
Le pigeon
Le pygargue
Le rouge-queue
Le sansonnet (ou étourneau)
Le tarin des aulnes
Et, bien sûr, l’oiseau à lunettes ou le zostérops