Marcher sur la plage déserte.
Visiter deux fois l’exposition Botero à l’Hôtel de Caumont à Aix en Provence.
Admirer sans se lasser la fleur somptueuse de l’amaryllis blanc.
Organiser un repas le jour de l’an pour que quelqu’un qui est seul ne le soit pas.
Montrer à une infirmière qui nous voit tricoter et qui justement est en train d’apprendre comment on fait les diminutions pour un bonnet.
Traverser la rade en bateau un matin où il fait beau et froid.
Ecrire dix pages.
Terminer la biographie de la Marquise de Sévigné par Roger Duchêne et relire plusieurs lettres de la Marquise.
Poser sur la petite table ronde les cartes de vœux qui arrivent.
Feuilleter un très joli livre montrant des visages souriants.
Installer sur la porte une couronne de Noël.
Dire que pour le réveillon de Noël, on apportera le pain.
Bonheur du jour - Page 689
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Moisson.
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Ce qu'on peut choisir : l'espérance.
Au milieu du jour, c’est bientôt l’heure de prendre la route pour la dernière après-midi tricot-couture-broderie-thé-gâteau de l’année. Entre la cuisine et la voiture, il y a peu à se déplacer, mais il faut quand même interrompre l’écoute de l’émission de Denisa Kerschova, Allegretto. Au moment où on rallume la radio, on tombe sur le dernier mouvement du concerto n°5 de Beethoven. Comme on l’aime, ce concerto ! On met plus fort.
Quand le morceau se termine, l’émission aussi. On se gare un instant sur un parking qui se trouve heureusement placé pour aller chercher dans la boîte à cd le même concerto. On choisit la version d'Emil Gilels.
On reprend la route. Premier mouvement. On roule doucement et tranquillement en prenant les chemins de traverse qui sinuent au milieu des vignes aux bois roses dans le froid de décembre. Deuxième mouvement. A gauche, la mer qui, pour mieux s’envelopper dans les nuages, a pris leur teinte grise. A droite, la Sainte Baume dont on connait bien les arbres amis des pas, est comme un amer dans le ciel. Troisième mouvement. Beethoven et son pianiste éternel s’avancent d’amble, parfois vite, parfois lentement, mais toujours inspirants et debout. Qu’il est bon de respirer et de vivre, dit sans doute la musique.
Comme il est doux de choisir l’espérance sur les chemins caillouteux.