En bas d’un col, gravi, franchi, descendu, s’émerveiller devant un large tapis de pâquerettes formant un ovale qui évoque ces portraits d’antan accrochés aux murs des chambres à coucher. L’herbe foisonnante, presque frisée, en est le cadre ouvragé. Bien qu’on soit fin novembre, les fleurs sont vaillantes, très hautes comme si depuis leur naissance au Printemps elles n’avaient cessé de pousser.
Sur l’instant, on a envie d’en cueillir de quoi faire un bouquet quand reviennent à l’esprit ce que disait Victor Hugo, dans Ce que dit la bouche d’ombre des fleurs coupées : ce sont des bouquets d’agonies.
Que deviendrait cet ensemble si on en rompait l’harmonie en prélevant çà et là quelques fleurettes, laissant les autres se sentir esseulées, orphelines, peut-être ?
On les regarde une dernière fois, on leur sourit et on poursuit sur le petit sentier, avec le souvenir d’elles.
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Les pages du ciel.
En descendant de bon matin l’escalier arrondi, sentir le froid sur le carrelage, sur la rampe de bois et sur le mur. Ouvrir les volets pour regarder le ciel est le premier geste pour rompre le calme de la nuit dans la grande pièce. Dans une sorte de gémellité, le ciel aussi sent le froid. Pour s’en protéger, ce n’est pas un châle autour des épaules qu’il lui faut, mais une couverture tissée de nuages gaufrés – un petit nuage blanc, un petit nuage rose, un petit nuage blanc, un petit nuage rose – et malgré tout légère car elle laisse passer la lueur du jour qui pointe. Et, si on suit les lignes qui s’étirent et se plient, on pourrait faire rouler dans les doigts les franges tout au bout du côté de la mer.